4000 îles flottantes dans le sud du Laos !

(Du 28 Janvier au 1er Février)

Des iles au Laos ?

Depuis le Cambodge, nous trouvons une liaison qui relie Siem Reap à Si Phan Don au Laos, impliquant plusieurs changements de bus. Mais tout cela se goupille plutôt bien, et à part le fait de devoir nous plier une nouvelle fois aux arnaques à la frontière (nous paierons 5$ supplémentaires à l’immigration côté Cambodge), nous parvenons en milieu de soirée à destination. Si Phan Don représente la porte d’accès à la région des 4000 iles à l’extrême Sud du Laos, limitrophe avec le Cambodge.

 

Hé mais attendez, vous deux ?! Le Laos n’a pas de littoral alors comment faites-vous pour aller visiter la région des 4000 iles ?!

Bonne remarque toi, lecteur attentif ! Le Laos est effectivement enclavé au milieu de l’Asie du Sud Est mais est toutefois traversé du Nord au Sud par ce fleuve mythique qu’est le Mékong. Nous remontons ses flots depuis plusieurs jours depuis Saigon, et parvenons maintenant à cet endroit où le Mékong forme un archipel fluvial composé d’innombrables ilots plus ou moins grands. Certains font quelques mètres carrés tandis que d’autres sont de véritables iles habitées de plusieurs kilomètres carrés.

 

 L’inconvénient d’arriver de nuit dans un nouvel endroit, c’est que nous n’avons pas beaucoup d’alternatives quand on nous propose quelque chose : fraichement descendus du bus, nous devrons donc nous acquitter de 40 000 kips (3€60) pour rejoindre l’île de Don Det en bateau (alors que le prix habituel est moitié moins élevé), puis trouver un bungalow dans le choix restant. Nous nous éloignons un peu du centre près du débarcadère, puis heureusement, après quelques tentatives infructueuses  (complet ou trop cher ou « non merci, on n’a pas trop envie de dormir sur la terrasse, mais c’est gentil de proposer… ») auprès des propriétaires, un groupe de français nous indique qu’il reste un bungalow libre à 40 000 kips la nuit à côté d’eux. Parfait, ça fera l’affaire pour la nuit.

Time to chill’ out !

Enfin, nous allons pouvoir prendre le temps de profiter de ce havre de paix. Cela commence dans le restaurant où nous allons manger. Tout le monde mange par terre assis sur des coussins confortables, la nourriture est délicieuse, la structure est en bambou, le propriétaire vend de l’herbe pour pas cher, la bière coule à flot, tout le monde discute avec tout le monde, Bob Marley met l’ambiance depuis l’iPod d’un voyageur… C’est terriblement roots et on aime ça ! D’ailleurs, l’atmosphère est tellement agréable qu’on réserve un bungalow dans leur resort pour le lendemain. Nous logerons dorénavant chez « Mama’s and Papa’s bungalow » pour 50 000 kips la nuit avec la salle de bain.

Le lendemain, nous changeons de bungalow et puis… c’est tout ! et ce sera bien suffisant pour la journée ! Les hamacs sur la terrasse sont bien confortables, l’ambiance est reposante et propice à la lecture, au blog ou à la farniente, à regarder les bateaux passer sur le Mékong, etc. Internet est franchement timide, l’électricité se montre quand elle est décidée : autant dire qu’ici, nous revenons à des activités basiques, et ça fait tellement de bien ! Nous nous imposons tout de même une promenade pour réserver une excursion en kayak pour le lendemain et aller admirer le coucher de soleil en squattant la terrasse d’un resort de luxe sur la côte Ouest de l’île (oui quand même, faut pas déconner…). Peace & Love babacool attitude !

On pagaie, on pagaie…

Après cette journée de repos, nous enfilons nos gilets de sauvetages, affutons nos pagaies et c’est parti pour une journée de canoë en tandem pour 160 000 kips par personne (14€50). La journée commence avec le petit-déj inclus pour faire connaissance avec notre groupe d’une quinzaine de personnes dont 5 français avec qui nous sympathisons rapidement (« hé mais vous ne seriez pas les français qui nous ont indiqué le bungalow la nuit dernière ?! »). Une fois à droite, une fois à gauche, puis nous arrivons à nous synchroniser tous les deux pour manœuvrer comme des chefs sur le Mékong et éviter de rentrer dans les petits ilots ou de percuter les arbustes qui flottent. Nous sommes en tous cas largement meilleurs que ces couples de chinois qui ont un accompagnateur par bateau tellement ils ne s’en sortent pas avec leurs mains…

Premier arrêt pour une petite randonnée et aller observer quelques cascades sur une ile pas loin. Puis nous continuons notre promenade pendant plus d’une heure, ponctuée de baignades rafraichissantes plus ou moins forcées, pour parvenir à la frontière avec le Cambodge. Donc à gauche, c’est le Laos, à droite, le Cambodge, et au milieu c’est le meilleur endroit pour observer une espèce particulière de dauphin : le dauphin de l’Irrawady. Ces dauphins d’eau douce ressemblent davantage au béluga ou à l’orque qu’au dauphin comme on peut l’imaginer. Malheureusement, en arrivant sur les coups de 12h et malgré notre persévérance, il fait trop chaud à cette heure et nous n’apercevrons furtivement que quelques bouts d’ailerons qui dépassent de la surface…

Le déjeuner, à base de brochettes au barbecue et de fried rice est quant à lui délicieux et nécessaire pour continuer notre expédition. L’après-midi est très chaude et pagayer commence à tirer dans les bras. Nous avançons encore une bonne heure puis nous arrêtons sur une grande île pour observer les chutes d’eau de Khone. Celles-ci, bien que pas très hautes, sont très impressionnantes de par leur débit. L’eau du Mékong se déverse dans des rapides avec un déchainement impétueux. Nous faisons quelques photos, nous dégustons une glace et prenons un tuktuk qui nous dépose, nous et nos kayaks, de l’autre côté de l’île pour le dernier tronçon. On se voyait mal remonter le Mékong à la rame… Le timing est top et nous faisons nos derniers coups de pagaies sous le soleil couchant qui se reflète sur la surface de l’eau. Les pêcheurs relèvent leurs filets pour compter la pêche du jour, les enfants tout juste rentrés de l’école jouent sur la plage ou se baignent en cette fin de journée…

La journée se termine en beauté autour d’une bonne pizza et d’un padthai en compagnie du petit groupe de français rencontrés aujourd’hui. Eux se sont rencontrés lors de leur arrivée au Laos il y a presque un mois et ne se sont plus quittés depuis. Nous faisons donc le plein d’anecdotes et de bons plans sur ce qui nous attend pour la suite.

D’île en île à vélo

L’île de Don Det est relié à l’île de Don Khone, encore plus grande, et il est très facile de s’y rendre pour la journée. Nous louons donc deux  vélos, récupérons un bref plan, et nous lançons à la découverte de cette seconde ile plus calme et plus grande que la première. Mais tout ne pouvait pas être aussi simple puisqu’après quelques kilomètres sur les routes caillouteuses, je crève ma roue avant… Impossible d’aller plus loin, impossible de retourner au loueur. Tant bien que mal, nous continuons notre route jusqu’au Sud de l’île (qui en fait, est juste à côté de là où nous avons observé les dauphins la veille) et demandons de l’aide aux quelques villageois présents. Fidèles à leurs réputations, un jeune s’empresse de nous aider, démonte la roue, colmate le trou avec une rustine et remonte le tout. Seulement, en confondant vitesse et précipitation sous le soleil, il a oublié de tester s’il y avait des fuites supplémentaires et nous nous rendons vite compte que la chambre à air est un gruyère. Pas mécano pour deux sous (oui, j’ai un peu honte…), nous filons acheter une nouvelle chambre à air et lui donnons pour qu’il la remplace tandis que nous passons le temps en jouant avec les deux petites filles de la maison, ravies d’avoir des visiteurs blancs. Pour le remercier de tout son travail (nous serons restés bloqués presque 1h30 quand même), nous lui laissons un petit pourboire et une boisson fraiche, nous le remercions encore et encore, puis filons vers les cascades de Li Phi.

Pour 25 000 kips par personne (pas donnée la cascade !), nous pouvons admirer de magnifiques chutes d’eau qui s’écoulent dans un ravin taillé dans le temps par les flots continus et insatiables du fleuve. Ça a parfois des allures de Vallée de la Mort toutes proportions gardées. Peu importe l’obstacle de pierre qui s’est dressé devant elle, l’eau a su trouver un chemin pour le contourner, le polir et continuer sa route sur plusieurs centaines de mètres. La baignade est interdite mais c’est trop tentant sous cette chaleur écrasante et nous allons nous tremper tout en restant loin des courants vraiment forts des rapides. Nous y faisons la rencontre d’une jeune femme française qui voyage avec sa petite fille de trois ans (le mari était parti à la pêche). Devant notre surprise que les deux parlent parfaitement lao, nous entamons la discussion. Venus en vacances au Laos il y a 8 ans, le couple a sympathisé avec une famille locale, les ont aidé à construire leur bungalow, et reviennent depuis tous les ans pour leur rendre visite. La petite fille est même inscrite dans une école lao. Quand on découvre leur vie, cela nous fait réfléchir sur celle que nous souhaitons pour nous et nos enfants (?) en rentrant de ce voyage…

Nous passons notre dernière soirée sur l’île avec les français, pour qui c’est également leur dernière soirée tous ensemble après un mois de périple, chacun reprend le cours de son voyage. Nous échangeons nos aventures, refaisons le monde, partageons nos meilleurs et pires moments de voyage autour d’un verre de vin…

Et il est déjà l’heure de quitter ce petit coin de paradis, où le temps ne semble pas s’écouler à la même vitesse qu’ailleurs dans le monde. Tout semble plus lent, plus relax ici. Nous avons même croisé des gens qui sont venus ici pour passer quelques jours avant de visiter le Laos, et n’en sont jamais repartis. Ils n’ont même jamais visité le reste du Laos… Ce ne sera pas notre cas puisque nous avons un bus demain matin qui nous emmène de Si Phan Don jusque Paksé, à une poignée de kilomètres au Nord, toujours le long du Mékong…

Nos impressions sur les 4000 iles

Cet endroit est vraiment particulier. Ici, principalement des touristes. Mais pas le style « valise à roulettes et bikini ». Ici, c’est davantage sac à dos de routards, pétard à la bouche, guitare à la main dans les lueurs du feu de camp… Pas de force de l’ordre sur les iles, le gens se gèrent eux-mêmes, font un peu ce qu’ils veulent, mais tout cela doit rester dans l’harmonie de l’endroit. C’est une île difficile à quitter. C’est calme, reposant et cela nous a fait le vrai break que nous attendions depuis plusieurs semaines. D’ailleurs, je trouve que notre façon de voyager sera légèrement différente à partir de là…