Bienvenue à Pék… euh, Beijing !

(21 et 22 décembre)

1er jour à Beijing : la place Tian’Anmen et ses environs

En milieu d’après-midi, nous voilà fin prêts à nous lancer à la découverte de cette capitale mythique qu’est Beijing (D’ailleurs, en écrivant ces lignes, je me demande pourquoi le monde entier appelle cette ville Beijing tandis que les français maintiennent leur appellation de Pékin. Un petit tour sur Google nous apprendra qu’en fait, le nom de « Pékin » est la transcription phonétique du chinois, tandis que « Beijing » est la transcription du nom de la ville de 北京 selon le système officiel Piniyn. Ainsi, pour se faire comprendre à l’international, le seul nom à utiliser est « Beijing »).

Et clairement, quand on arrive à Beijing (oui, j’utiliserai le nom de Beijing au cas où des internationaux me liraient… Sait-on jamais, si la renommée du blog dépasse les frontières françaises…), la première chose que l’on a envie de découvrir, c’est la place Tian’Anmen et la Cité Interdite. On en a tellement entendu parler dans les bouquins d’histoire/géo à l’école ou dans l’actualité qu’on a hâte de voir à quoi ressemble ce lieu, théâtre de tant d’évènements qui ont fait l’Histoire avec un grand H ! Cela tombe bien, c’est à quelques encablures de notre guesthouse !  Seulement voilà, là où à Chengdu ou Xi’an, il faisait froid mais supportable pour les nordistes que nous sommes, l’hiver à Beijing est glacial ! En journée, il n’est pas rare que la température atteigne les -5°C et nous ne sommes pas équipés pour affronter une telle météo (on a beau superposer jusqu’à 6 couches de vêtements, le froid est mordant et sec). Alors même pour une vingtaine de minutes de marche, nous prendrons le métro chinois. Celui-ci est particulièrement clair, rapide, fiable et avec le ticket à 2 RMB, on ne va pas se priver !

Quelques instants plus tard, nous débarquons devant la façade de la Cité Interdite. Ce qui frappe quand on arrive dans ces lieux, c’est la présence exagérée des forces de l’ordre. Sans rire, il y a un soldat ou un garde ou un policier ou un surveillant tous les mètres… Et la deuxième chose qui frappe, c’est ce grand portrait de Mao qui trône au-dessus de la porte de la Cité Interdite, qui porte le nom de « Porte de la paix céleste ». Ca nous rappelle que le nom complet de la Chine est « République Populaire de Chine » et que le communisme est encore très présent, même si nous, touristes, le sentons très peu au milieu de ces buildings et centres commerciaux. Pendant que l’on s’imprègne de l’ambiance des lieux, nous nous faisons aborder par une chinoise qui parle un très bon anglais et qui engage la conversation. Celle-ci nous propose d’aller boire un thé au chaud dans un bar non loin de là. Mais comme nous venons de commencer notre visite, nous refusons l’invitation. Nous apprendrons par la suite qu’il s’agit en réalité d’une arnaque courante dans les lieux touristiques de la capitale : un(e) chinois(e) invite des touristes à aller boire un verre dans un bar complice, puis au moment de payer, vous vous retrouvez à régler une bière à 1500 RMB (180€)… Prudence donc !

 

On salue le Grand Timonier, on pose avec lui pour la photo, puis on reprend le souterrain pour accéder à la place Tian’Anmen qui est de l’autre côté de la rue. Mais pour y accéder, nous devons passer le portique de sécurité, fouille au corps et rayons X pour le sac à dos… Pour se promener sur une place publique ?! Ils sont fous ces chinois (ou paranoïaques) ! La place en elle-même n’est pas une merveille architecturale : elle est grise, d’un gris « communiste » comme la plupart des bâtiments alentour. D’un périmètre de 800*500m environs, la place est entourée de monuments reflétant l’histoire de la Chine : la porte de la paix céleste, le palais de l’Assemblée du peuple, le monument aux héros du peuple, le musée national de Chine et le mausolée de Mao Zedong.

Mais l’atmosphère ici est chargée d’histoire… On se remémore notamment les manifestations de 1989 (pas si vieux que cela !) contre le gouvernement et la corruption qui furent réprimées dans un bain de sang avec plus de 3000 morts, ou on imagine les défilés militaires à la gloire du Parti avec cet homme qui surgit pour s’opposer, seul, à la progression des chars et dont la photo a fait le tour du monde… Quand on pense que « Tian’Anmen » signifie « Place de la paix céleste », on peut s’étonner du paradoxe…

Puis, nous voyons un attroupement se former autour du drapeau qui flotte sur la place, nous nous disons que nous sommes piles à l’heure pour assister à la baisse de l’étendard dont notre guide touristique nous parle. Quelques militaires se mettent en place, la police bloque la rue entre la place et la Cité Interdite puis nous attendons… de longues minutes… pour enfin apercevoir un contingent de militaires débarquer, descendre le drapeau puis rentrer dans la Cité sans même un coup de clairon…

Le soleil vient de se coucher, nous rentrons nous mettre au chaud. Pour le dîner, nous trouverons un petit resto par cher non loin de l’auberge et nous en faisons notre cantine officielle pour les jours suivants ! Au menu, des nouilles et des légumes, pour changer…

2nd jour à Beijing : la Cité Interdite

Le lendemain, nous revenons devant la porte de la Paix Céleste (celle avec le portrait de Mao, dans le prolongement de la place Tian’Anmen) puisque nous avons prévu de visiter la Cité Interdite. Première surprise : le prix ! L’entrée de 20 RMB n’est vraiment pas chère pour un tel monument. Enfin, nous pénétrons dans l’enceinte de la cité protégée par ces immenses remparts pourpres.

Personnellement, j’ai tellement entendu parler de cet endroit que je ne sais pas trop à quoi m’attendre, mais j’imagine la résidence des empereurs chinois pleine de richesses, de mystère, des bâtiments sculptés, les dames de la cour discutant dans leurs boudoirs et les soldats s’entrainant dans la cour… Bon, dans la réalité, le palais impérial de la Cité Interdite est avant tout devenu un musée national et plus personne n’y vit. La majeure partie des bâtiments sont vides, certains comprennent une exposition de divers objets culturels, mais le tout nous a semblé manquer un peu d’âme…

La Cité est divisée en deux : la cour extérieure qui était réservée à l’administratif, où le souverain recevait ses ministres ou organisait les cérémonies ; et la cour intérieure, consacrée à la vie privée avec les palais de l’empereur, sa femme ses concubines, sa famille, etc. C’est une véritable ville dans la ville ! Cette cité est isolée du reste de Beijing par des douves d’une cinquantaine de mètres de large, entièrement gelées en cette saison, et un mur d’enceinte de plus de 7 mètres de haut.

Les premières cours, surtout dans la partie administrative, nous surprennent avec leurs magnifiques pagodes de bois, leurs tuiles jaunes et vertes splendides, les escaliers de marbre blanc sculptés, et surtout les terrasses sur plusieurs niveaux… L’ensemble de la cité est en perpétuelle rénovation et le travail est de qualité. On imagine très bien l’empereur se délectant, depuis le porche de son palais, du spectacle offert par ses sujets dans la cour… Mais au final, on enchaine les nombreux bâtiments, sans même retenir leur spécificité tellement ils se ressemblent. Il faut dire qu’il y en a quand même 980 différents, et avec des noms à coucher dehors du genre « Palais de l’Harmonie Suprême », « Palais de l’Harmonie du Milieu », « Palais de la Tranquillité terrestre », « Pavillon de l’étude de la culture de la nature », etc. Toutefois, l’ensemble bénéficie d’une belle harmonie et la promenade, quoiqu’un peu longuette, si on commence à visiter les jardins annexes situés de part et d’autre des pavillons, reste très agréable.

 

La colline de Charbon

A la sortie de la Cité Interdite, nous enchainons sur la Colline de Charbon qui est située juste derrière. En grimpant en haut de cette butte, nous bénéficions d’un point de vue imprenable sur la Cité Interdite ! En prenant ainsi de la hauteur, on prend conscience de l’organisation homogène du Palais Impérial, tout est rectiligne, pas une tuile ne dépasse. C’est également l’occasion, en nous promenant dans le parc, de nous plonger dans le quotidien des chinois. C’est incroyable à quel point ils vivent en communauté ! La majeure partie des gens dehors sont plutôt âgés, et sortent dans la rue pour faire de la gymnastique, rencontrer leurs amis, danser en costume traditionnel, ou même, comme nous en serons les témoins stupéfiés, chanter. En effet, dans ce parc, d’innombrables chorales se forment à l’improviste et les chinois, vieux pour la plupart, chantent autour d’un autre qui s’improvise chef d’orchestre. Ici, pas de gêne, tout le monde se mélange. Super mentalité pour conserver un lien entre les personnes âgées et le monde.

Première expérience Couchsurfing

En rentrant nous mettre au chaud à l’auberge, nous faisons la rencontre de Camille et Maxime, 2 tourdumondistes également, avec qui nous sympathisons. Nous discutons tellement longtemps que nous  ne voyons pas le temps passer et nous nous mettons en retard pour… notre première nuit Couchsurfing ! Nous nous promettons de nous retrouver dans quelques jours, et nous filons dans les quartiers nord de Beijing, chez notre hôte Lee.

Pour ceux qui ne connaissent pas, le Couchsurfing, qui pourrait être littéralement traduit par « passer d’un canapé à l’autre », est un mode de voyage alternatif permettant de se faire héberger temporairement par des gens sur place. C’est simple, gratuit, basé sur la confiance et l’échange. C’est un excellent moyen de rencontrer des locaux.

Hé oui, ça y est, nous avons fait le grand saut et avons trouvé un hôte pour deux nuits à Beijing. Nous ne savons pas à quoi nous attendre, alors nous avons joué la sécurité et choisi un couchsurfer qui a de l’expérience ayant déjà invité de nombreux voyageurs. Il nous a même préparé un document expliquant toutes les modalités pour se rendre chez lui. Depuis l’auberge, nous prenons donc le métro et 45 minutes plus tard, nous pénétrons dans un sombre quartier ghetto. Nous trouvons non sans mal son immeuble dans ces ruelles mal éclairées. Nous sonnons et un français nous ouvre ?! (il nous avait prévenu qu’un autre voyageur serait présent) Il nous explique que Lee, notre hôte, est absent mais que nous sommes les bienvenus. Nous posons nos affaires dans la plus grande pièce de l’appartement, censé être un salon, mais reconvertie en chambre et où on trouve 3 grands lits. Notre colocataire d’un soir, prénommé Ghislain, nous explique le fonctionnement de l’appartement : ce quatre pièces, Lee le partage avec deux autres colocataires mais à qui il ne parle que très rarement. Ils ne font que se croiser dans les couloirs de l’appart’, et l’ex salon est donc sa chambre. Nous dormirons donc tous les quatre dans la même pièce. En tous cas, ce que nous pouvons tout de suite dire, c’est que les 3 colocataires chinois ne se battent pas pour faire le ménage… Les pièces communes, salle de bains, cuisine, couloir, tout parait très sale et non entretenu… Ambiance !

En revenant de dîner, nous faisons enfin la connaissance de Lee, jeune chinois d’environ 25 ans qui travaille dans le marketing. Il est charmant, et n’est pas avare d’informations pratiques sur sa ville. Il nous prêtera même une carte SIM pour lui téléphoner en cas de besoin. Nous discutons avec lui et nous apprenons qu’il accueille très régulièrement des voyageurs, plus de 200 voyageurs différents en moins de 2 ans ! Sa chambre est un vrai moulin ! Il a vraiment rencontré des personnes du monde entier…

Sur ces bonnes paroles, nous allons nous coucher en nous disant que nous aussi, à notre retour en France, on accueillera chez nous des couchsurfeurs.