Ce fleuve mythique : Le Mékong !

 (Du 17 au 21 Janvier)

Saigon constitue une excellente porte d’entrée sur la région du delta du Mékong. Et puisque nous y sommes, nous n’allons pas nous gêner pour nous lancer à la découverte de cette région unique, où la vie est rythmée par ce fleuve mythique. Il faut dire que nous n’avons pas encore croisé ce fleuve depuis que nous sommes en Asie, et il est grand temps de faire les présentations !

En route pour Vinh Long !

Depuis Saigon, il est très facile de prendre un bus vers cette région voisine. Il est beaucoup plus simple de passer par une des nombreuses agences qui pullulent dans le quartier pour prendre son ticket de bus, car ils assurent le pick-up depuis l’hôtel. Cela nous évite les galères d’organisation pour nous rendre par nous-même dans l’une des gares routières de Saigon qui sont légèrement excentrées. Au petit matin, nous embarquons dans un mini-van où nous serons les seuls touristes et nous dirigeons vers notre première étape : Vinh Long.

Après environ 2h30 de trajet, nous descendons du mini-van et nous rendons compte que nous sommes encore loin du centre où nous espérions nous rendre. Nous négocions avec l’agence et finalement quelqu’un nous emmène en voiture jusqu’à l’endroit que nous voulons. A peine arrivés, qu’une dizaine de rabatteurs se jettent sur nous pour nous proposer leur hôtel. Contrairement à nos habitudes, nous ne les repoussons pas aussi sec et étudions leurs propositions car nous savons que l’un d’eux est l’homme que nous cherchons. Comme prévu, nous trouvons parmi les rabatteurs la guesthouse que nous avons repérée et convenons avec lui d’un rendez-vous pour qu’il nous emmène jusque chez lui.

La ville de Vinh Long n’est pas intéressante pour un sou. L’intérêt de faire cette étape est la possibilité de passer une nuit en homestay chez l’habitant sur l’île juste en face de Vinh Long : l’île de Anh Binh. Sur l’île, plusieurs locaux ont transformé leur maison de manière à pouvoir inviter des touristes de passage et à partager leur quotidien. Nous prenons le temps de faire un tour rapide au marché de Vinh Long, on mange un morceau face au fleuve et buvons un café avec la propriétaire de la maison chez qui nous allons passer la nuit, puis nous prenons le ferry qui nous emmène de l’autre côté du Mékong.

L’île d’Anh Binh

L’ile sur laquelle nous débarquons semble coupée du monde (enfin, elle l’est vraiment techniquement parlant, puisque seul le ferry permet de la rallier) car là, nous découvrons un autre mode de vie. Plus de voiture, les scooters sont peu nombreux, la végétation est omniprésente et surtout le Mékong est partout. De ce fait, l’embarcation indispensable et dominante devient le sampan. La vie tourne vraiment autour du fleuve. Nous sommes accueillis par une famille vietnamienne vraiment adorable. Trois générations vivent sous le toit de cette grande maison dans laquelle sont aménagées trois chambres pour les touristes de passage. Nous profitons de l’après-midi pour partir à la découverte de l’île à vélo. Nous ne savons pas où nous allons, nous prenons droit devant, puis à droite, nous passons des dizaines de ponts au-dessus des bras morts du fleuve, puis tout droit, enfin à gauche après la ferme de poissons et encore à droite avant le grand palmier… Et nous nous perdons… Et c’est ainsi que nous découvrons le quotidien de ces gens rythmé par les crues du Mékong. Ah oui, parce que le niveau du Mékong varie énormément en quelques heures. Nous avons pu en être témoin : en moins de 2h, le fleuve est monté de presque un mètre cinquante. Impressionnant ! Cette balade en vélo est un vrai plaisir, tout est si paisible et les gens si accueillants…

A notre retour, nous nous posons dans les hamacs au bord du fleuve en attendant le repas. Nous dégustons différents plats locaux délicieux, ainsi qu’un poisson au barbecue. Mais un poisson frais, tout juste pêché et directement posé sur le grill sans préparation, avec sa tête, la queue, les nageoires, etc. Pas facile de le manger, mais succulent !

Le marché flottant en sampan

Le lendemain, nous embarquons tôt le matin sur la pirogue du propriétaire de la homestay qui nous emmène voir le marché flottant. La région du delta du Mékong fait beaucoup de pub pour ses marchés flottants, qui est l’attraction du coin. Ce sont des dizaines de sampans, chargés à ras bord de fruits et fleurs, qui se réunissent au milieu du fleuve pour échanger leurs produits. Après plus d’une heure de balade, nous parvenons enfin à l’endroit du marché où nous découvrons à peine une dizaine de bateaux. C’est loin de ce que nous avons vu sur les cartes postales… Nous voyons bien quelques sampans, avec chacun un fruit pendu au bout du mat indiquant ce qu’ils vendent, mais nous restons sur notre faim puisque nous nous attendions vraiment à une animation comme elle est décrite dans les guides touristiques.

Par la suite, nous nous rendons dans une fabrique d’alcool de riz et de bonbons à la noix de coco. Nous discutons avec un guide francophone qui nous explique que les marchés flottants ne sont plus ce qu’ils étaient. Avec la construction de la grande route qui relie les villages, il est devenu beaucoup moins cher de se déplacer en camion pour s’échanger les fruits. Les marchés ont donc perdu beaucoup de leur folklore…

Sur la route du retour, le batelier nous arrête à un endroit où nous attendent plusieurs braves dames avec leur bateau à rames sur lequel nous embarquons pour pouvoir nous rendre dans les bras plus étroits du fleuve, où les barques à moteur ne peuvent accéder. La balade est géniale ! On se croirait à Venise, dans un autre temps. Je demande à notre hôte pour prendre sa place quelques instants  et me rends compte de la difficulté que représente de manier une telle embarcation, avec ses rames croisées. Je vais vite lui rendre sa place : ce n’est pas vraiment naturel et ça tire sur les bras. Balèze la vietnamienne !

Bien que le marché flottant ne fût pas à la hauteur, nous avons bien apprécié ces quelques heures en sampan qui nous ont permis de découvrir la vie quotidienne sur le Mékong. Vraiment intéressant et original. Franchement, les locaux n’ont pas la vie facile et pourtant, ils sont toujours souriants, accueillants et tellement gentils…

De retour de notre balade, nous déjeunons sur l’île et trouvons un local sur le ferry qui accepte de nous prendre dans sa remorque pour nous ramener à la bus station. C’est parti direction Can Tho !

Can Tho, la plus septentrionale

Encore un fois, notre bus nous dépose loin du centre-ville. Au bluff, nous tentons le stop et trouvons rapidement un groupe de jeunes vietnamiens qui checkent la position de notre guesthouse sur leur smartphone et nous emmène tous les deux en scooters à l’hôtel que nous avons repéré. Le soir, pour nous remettre de cette journée bien remplie, je goûte pour la première fois le serpent dans un plat local. Le cuistot se saisit du reptile dans le vivarium et le prépare à la vietnamienne. Ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas délicieux non plus. Ça avait un goût de poulet mais beaucoup plastique.

A Can Tho, on visite rapidement la ville et notamment son grand marché de nuit. Chaque rue est spécialisée dans un type de produits. Comme notre budget ne nous permet pas de renouveler une balade en barque sur le marché flottant, qui parait-il est sympa également à Can Tho, nous nous dirigeons vers ce que notre guide touristique qualifie de « plus beaux marchés d’Asie ». Mouais… C’est un marché quoi, bien ventilé et sous une jolie halle mais nous ne lui trouvons pas de charme exceptionnel. Puisque la ville ne nous convainc pas davantage, nous décidons de partir aussi vite en direction de Chau Doc, la ville la plus proche de la frontière cambodgienne.

Chau Doc, la ville frontalière

Nous nous entassons dans un mini-van avec des locaux, et notre chauffeur a une conduite plutôt sportive (c’est un miracle que nous n’ayons renversé personne, il s’en est fallu parfois de très peu). Je vais même me faire vomir dessus par mon voisin qui arrose la manche de mon t-shirt et ma jambe. Et pour m’éviter, il écarte les jambes et vomit entre ses chaussures, c’est-à-dire sur mon sac maintenant… Grand chelem ! Mais ce n’est pas pour autant que le chauffeur s’arrête car il est soumis à des horaires trop serrés. Bonjour la fin du voyage !

A Chau Doc, nous parvenons tant bien que mal en ville (de nouveau en stop puisque le bus nous dépose à 5 km du centre) puis à trouver un hôtel correct. Le lendemain, nous louons des vélos et prenons la direction de la montagne pittoresque du Sam, où les vietnamiens vouent un culte à la dame de la montagne. Après environ 7 kilomètres, nous parvenons au temple au pied de la montagne. Il est magnifique, très coloré avec d’innombrables statues de Bouddha et des sculptures originales tout autour. Juste derrière le cimetière, nous assistons à un combat de coqs, il parait qu’ils sont assez courants dans la région. Les propriétaires cajolent et préparent les combattants en leur mettant des éperons de plusieurs centimètres de long. Puis les acteurs se battent et le combat se termine quand l’un des deux coqs meurt. Ce fera donc le repas du midi pour tous les hommes entourés qui délimitent le ring ! Puis nous attaquons la montée jusqu’au sommet. Ça grimpe sévère sous un soleil de plomb ! Finalement, nous y parvenons et sommes récompensés par la vue à 360° sur la région du delta du Mékong. On voit les rizières vertes à des kilomètres à la ronde entrecoupées de bras du fleuve qui les irrigue. Perchés là-haut, nous nous rendons bien compte de l’importance de la culture du riz dans la région. C’est certainement le plus beau panorama que nous avons sur le Vietnam. Nous jetons un dernier coup d’œil et redescendons à Chau Doc.

Et c’est déjà notre dernier jour au Vietnam ! Pour rejoindre le Cambodge depuis Chau Doc, nous choisissons de prendre le bateau jusqu’au poste frontière, puis le bus pour rejoindre Pnomh Penh, la capitale. En bonus avec notre ticket de bateau, nous avons droit à une visite d’un village ethnico-archico-touristique puis à une ferme de poissons (une maison sur pilotis sous laquelle sont accrochés de grandes cages où sont gardés vivants des milliers de poissons). Pour le prix, ça fait toujours plaisir. Puis c’est parti pour environ 2h de speed boat à longer les magnifiques bords du Mékong, un super aperçu de la vie quotidienne qui a su rester traditionnelle. C’est l’occasion pour nous de dire au revoir à tous ces paysages…

Les arnaques pour le visa cambodgien

Arrivés au poste frontière, la personne responsable du groupe se propose de régler les formalités d’obtention du visa cambodgien. Mais à notre surprise, il nous demande 35$ au lieu des 30$ que coûte normalement le visa cambodgien pour un ressortissant français. Il essaie de justifier le prix en disant que c’est parce qu’il y a 2$ pour la visite médicale, 2$ de frais de dossier et 1$ pour que le douanier tamponne le passeport... Hein ?! Quoi ? Depuis quand on est sensés payer tout cela ?! Bien qu’il s’agisse clairement ici d’arnaque et de corruption, il est très difficile de passer outre. Nous avons rencontré des voyageurs qui ont refusé de payer ce supplément et tenté de faire leur visa par eux-mêmes. Les douaniers, sûrs de leur moyen de pression, ont refusé de les laisser rentrer dans le pays jusqu’à ce qu’ils paient. Donc nous nous résignons et payons contre notre gré ces 10$ pour leur graisser la patte. Ça nous met en colère car on essaie au maximum de faire quelques économies de bout de chandelle tout au long de notre voyage, et celles-ci s’envolent pour finalement financer ces arnaques !

Enfin bref, malgré toutes nos péripéties et le long trajet d’une journée en bateau puis bus, nous débarquons en fin d’après-midi à Pnomh Penh, capitale du Cambodge.

Nos impressions sur le delta du Mékong

Ce que nous retenons de notre séjour sur le delta du Mékong, c’est avant tout notre nuit en homestay à Anh Binh qui était géniale : la famille était très accueillante, l’endroit est magique et reposant, la nourriture délicieuse, etc. Cela aurait mérité une nuit supplémentaire pour bien apprécier l’ensemble. Cette nuit vaut largement le détour jusque-là. Malgré cela, il ne faut pas croire les guides touristiques et agences de voyage qui survendent les marchés flottants qui sont loin de ce qu’ils ont dû être quelques années auparavant. Actuellement, ils tiennent davantage du folklore pour touristes que d’une véritable habitude des locaux. Can Tho et Chau Doc sont des villes intéressantes (encore que Can Tho, on cherche encore l’intérêt tellement nous avons peu accroché) mais ne justifient pas un détour exprès pour les visiter. En revanche, elles font d’agréables escales sur la route du Cambodge ou de l’île de Phu Quoc à l’est du Vietnam. Bien que les villes sont moyennes, cette région mythique du delta du Mékong dispose d’une atmosphère authentique que nous n’avons retrouvé nulle part ailleurs, les paysages sont splendides et, finalement, on sent que le fleuve fait partie intégrante de la vie…