De Chiang Mai à Pai, virages après virages !

(Du 25 au 28 Février)

La province de Pai à moto

Partir à moto sur plusieurs jours est certainement le moyen le plus sympa d’explorer la région de Chiang Mai, notamment la province de Mae Hong Son. Il ne nous en faut pas plus pour enfourcher notre désormais célèbre Honda Wave pour partir à l’assaut des montagnes karstiques de la région. La boucle qu’il est possible de faire depuis Chiang Mai passe par Pai, Soppong, Mae Hong Son, Mae Sariang avant de revenir à Chiang Mai. Mais comme nous ne voulons pas consacrer les 5 ou 6 jours que le tour demande, nous nous contenterons de pousser une pointe jusqu’à Pai et Soppong puis de rentrer.

On serpente :)

On serpente :)

 

« Quand ça descend, ça va. Mais alors quand ça monte… hé bah ça descend ! »

Cette réplique de notre humoriste régional résume à elle seule notre aventure jusqu’à Soppong tellement la route à travers une région montagneuse est pentue et sinueuse.

Et quand ça monte !!!

Et quand ça monte !!!

La province de Pai est une région rurale et montagneuse aux paysages spectaculaires, couverte de forêts denses dissimulant çà et là des vallées verdoyantes, des cascades, des grottes et des petits villages encore traditionnels. Mais plus que l’atmosphère des villages, c’est surtout la route qui est splendide que sinueuse : avec environ 762 virages dangereux dans la montagne (seulement pour le segment entre CM et Pai), c’est un vrai régal de les enchainer sur notre « bolide » ! Enfin, c’est un plaisir quand notre pétrolette arrive à les grimper car le passager de la moto a souvent dû descendre de son siège pour permettre à mémère de souffler et parvenir jusqu’au sommet de la montagne.

Mais nous lui pardonnons vite ses faiblesses quand la route dévoile, au hasard d’un des innombrables virages en épingle, des paysages superbes typiquement karstiques composés de collines calcaires recouvertes d’une épaisse végétation, de vallées torturées érodées par l’action de multiples rivières.  Nous ouvrons tout grands nos yeux, ce sont certainement les plus belles bornes que nous avons flanquées sous nos semelles en Thaïlande !

La route de Pai, ça nous botte !

Je tiens à m’excuser par avance pour tous les jeux de mots douteux que pourrait contenir le paragraphe suivant…

10h du matin, nous rejoignons les frangins pour partir à la conquête, non pas de l’Ouest, mais du Nord de Chiang Mai. A 164 km de Chiang Mai, nous prévoyons de mettre environ 4h pour faire toute la route car c’est au bout que Pai est là (bon appétit !). Pai a su rester un gros village cosmopolite où se rassemblent farang et locaux en week-end. Il y draine également pas mal de rastas et néo-hippies et c’est devenu un bon endroit pour faire la fête en musique, notamment dans les bars de Pai à son (essuyez-vous les pieds !).

En route avec les frérots !

En route avec les frérots !

Après une trentaine de kilomètres, nous quittons la ville pour nous approcher des flancs de la première montagne. Nous faisons un arrêt près d’une cascade mais les locaux nous préviennent qu’il n’y a pas d’eau en cette saison. Qu’à cela ne tienne, puisqu’ils sont en train d’installer des tables et des chaises, nous nous installons avec eux pour grignoter, non pas des pizzas (Pai) mais une portion de riz avec différentes sauces plutôt très épicées, qu’ils nous offrent gracieusement. Pour digérer et éteindre le feu (de Pai) qui ravage nos papilles, les vieux messieurs (les femmes sont en cuisine) sortent des cigarettes épaisses comme des barreaux de chaise composées de tabac cultivé par leurs soins roulé dans une sorte de feuille de bananier. Allez hop, on débarrasse les assiettes et c’est « atelier roulage » pour tout le monde ! Martin et Xavier ne s’en sortent pas beaucoup mieux que moi mais au moins, ça fait rire tout le monde. Puis ils nous proposent une espèce de pâte à base d’herbes humides qu’il faut chiquer. Ne parlant pas un mot d’anglais (et moi de thai), les papys nous font comprendre tant bien que mal que cela les aide à rester éveiller et qu’il faut éviter de conduire après en avoir consommé… Ah, on ne fera que goûter alors… Mais l’heure avançant, nous quittons à regret nos nouveaux copains et reprenons la route. En tous cas, nous avons bien ri (Pai) !

Après avoir dévalé plusieurs centaines de virages, les frangins nous font de grands signes pour nous faire arrêter car notre bécane fume anormalement. Le problème semble provenir, non pas de la pipe d’admission, mais du pédalier qui s’est dévissé et appuie en continu sur le frein situé au niveau du pied. Avec la vitesse dans les descentes, ça a fait fondre complètement le caoutchouc du frein (pas évident à expliquer, j’suis pas vraiment mécano…). Heureusement, sous un soleil de plomb en pleine après-midi, un vrai mécano nous remplacera la pièce endommagée mais sans revisser le pédalier (nous n’avions pas encore percuté que le problème venait de là à ce moment-là). Alors que nous avions cru à notre aventure stoppée, nous reprenons la route jusqu’à destination.

Le temps de trouver un bungalow pour 200 bahts, nous finissons la soirée à déambuler entre les nombreux stands pour touristes qui s’installent le soir dans la rue principale et vendant des t-shirts, babioles en tous genres et même des chapeaux (de Pai bien évidemment).

Pai et ses environs

Le lendemain, nous passons rapidement au garage faire revisser notre pédalier avant de partir en vadrouille dans les environs de la ville : Pai canyon, memorial bridge, la grande statue blanche du Bouddha, etc. La journée, bien que courte (Pai), sera très sympa et se terminera autour d’une délicieuse gaufre au Nutella (oui, vous vous en foutez certainement, mais elle nous a fait tellement plaisir que je vous le dis quand même !).

De Pai à Soppong

Nous abandonnons les frangins qui ont décidé de rentrer à Chiang Mai et nous voilà reparti à travers montagnes et virages en direction de Soppong… Enfin si le scooter est d’accord…

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A Soppong, Andy (souvenez-vous, le belge du Laos) nous a conseillé de loger à Cave Lodge et cela s’avère être un endroit génial ! C’est une sorte de guesthouse construite en bois, perdue en pleine jungle, fondée au début des années 80 par John Spiers, un australien fantasque marié à une thai des ethnies montagnardes. Cet homme est un aventurier, un vrai, un tatoué, débarqué dans la région dans les années 70 en pleine période instable puisque la guerre éclate entre l’armée et les trafiquants d’opium. Et son truc à lui, c’est l’exploration de grottes et dans le coin, il y a de quoi faire. Un peu mégalo sur les bords, il a écrit son autobiographie qu’on peut lire sur un hamac dans la guesthouse (ou acheter pour les passionnés) dans lequel il relate toutes ses aventures durant la guerre, comment il s’est fait accepter par les tribus locales, comment la police lui a demandé d’explorer une grotte pour retrouver un cadavre, etc. Un sacré personnage !

L’après-midi, on prend une des cartes dessinées par John himself pour aller explorer par nous-même une grotte dont il a ouvert la voie. Il n’y a pas vraiment de chemin et cela se transforme vite en carte aux trésors : on prend le troisième chemin sur la gauche, on dépasse les restes d’une maison qui a brulée, on traverse le champ de fleurs, on tourne à droite après l’arbre en V et… Aïe ! Célia trébuche et se rentre une écharde de la taille d’un tronc d’arbre dans le pied. Pas moyen de continuer, la grotte restera vierge quelques temps encore et nous devons rentrer cahin-caha pour soigner la blessure de guerre. Quelle idée de randonner en tongues aussi !..

Après les soins de Docteur Mamour (Désolé Coco, pour le coup, c’est moi qui ai sauvé la belle ;-)), nous repartons sur notre scooter pour aller vers une autre grotte d’où virevoltent des milliers d’hirondelles en fin d’après-midi. Le spectacle est assez impressionnant. Nous rentrons juste avant la nuit pour profiter de la soirée à Cave Lodge autour du feu de bois en compagnie des autres backpackers.

22 les v’là !

Le lendemain, nous reprenons la route. De toute façon, nous ne pourrions pas aller plus loin car Célia a encore très mal au pied. Malgré tout ce que nous avons retiré de la blessure, cela ne semble pas s’arranger. Dans ces moments-là, blessé et à l’étranger, tu t’imagines tout de suite pire à base d’amputation, de rapatriement à Bangkok puis à Paris… Mais pour le moment, c’est direction Chiang Mai. Etant le seul à pouvoir conduire, je vais enchainer les 200 kilomètres et les 800 virages tout seul. Heureusement, tout se passe pour le mieux et nous arrivons à destination sans souci supplémentaire.

Sur le chemin du retour !

Sur le chemin du retour !

Au moment de rendre la moto, je fais remarquer au loueur que nous avons dû faire réparer la bécane pour des dommages qui ne sont pas de notre ressort et ainsi, facture à l’appui, je le préviens que je soustrairai les montants des réparations sur le total de la location. Tout en discutant, il me rend mon passeport (Grave erreur, il perd son seul moyen de pression sur moi …) et appelle son responsable. Celui-ci ne veut rien savoir et le ton monte rapidement. Après avoir échangé, dans notre anglais approximatif, quelques noms d’oiseaux que ma mère m’a rigoureusement défendu de nommer ici, nous partons sans payer. Le loueur et son équipe viennent nous chercher dans notre guesthouse et la dispute reprend et ça se complique quand le problème d’argent devient un problème d’égo car ni lui, ni moi ne voulons céder alors que nous nous disputons pour 5€… Il nous menace d’appeler la police. Ne voulant pas me laisser intimider, je l’encourage et repartons dans son bureau. Il me dit que je vais finir en prison, que la police va radier mon passeport et que je ne pourrai pas quitter le pays… Au bout d’une demi-heure, il parvient enfin à avoir la police pour touristes au téléphone et chacun s’explique avec l’officier. Nous parvenons à un accord mais, au moment de raccrocher, la femme du loueur refuse tout en bloc et c’est reparti pour les noms d’oiseaux. Enfin, ils nous emmènent dans leur voiture jusqu’au commissariat. De mieux en mieux ! On s’offre une petite balade privée dans leur gros 4x4 flambant neuf. Mais là, nous commençons à en avoir assez de cette histoire et nous ne savons pas à quelle sauce nous allons être mangés. De nouveau, nous expliquons la situation grotesque à l’officier, eux en thaïlandais et nous en anglais. Devant tant d’obstination pour si peu, le policier se dit qu’il a vraiment à faire à des gamins… Finalement, nous acceptons de couper la poire en deux et nous payons la moitié des réparations. Mauvais joueurs, le loueur et sa femme ne vont pas nous ramener en voiture jusqu’à l’auberge, tandis que nous finirons, beaucoup plus relax, par discuter football avec les policiers du commissariat (on n’a pas poussé le bouchon jusqu’à leur demander une photo pour le défi)… Tout est bien qui finit bien, mais qu’est-ce que nous pouvons être bêtes quand l’égo s’en mêle…

Chacun son chemin

Et c’est déjà notre dernière soirée avec Martin et Xavier que nous quittons définitivement puisqu’eux se dirigent vers le Myanmar dès le lendemain. Un dernier billard, quelques bières et ciao les mecs, bonne continuation et on se reverra peut-être en France ! ;-)