Ho Chi Minh Ville, le Sud du Vietnam !

(Les 15 et 16 Janvier)

Après avoir laissé Patricia à l’aéroport d’Hanoi, nous prenons de notre côté un avion Hanoi – Ho Chi Minh Ville à 22h. Ce n’est pas dans nos habitudes de prendre un billet d’avion pour traverser un pays, mais cela peut s’avérer très pratique  quand on voit les transports au Vietnam, et les prix raisonnables des vols intérieurs. Ici, la sécurité est toute relative et nous ne traversons aucun portique de sécurité pour monter dans l’avion. 1h30 plus tard, nous atterrissons à l’autre bout du pays : Ho Chi Minh Ville, autrefois appelé Saigon pour les nostalgiques d’avant 1975. Il parait que le vol Hanoi – HCMV survole des paysages extraordinaires, à base de milliers de carrés de rizières qui s’étendent au sol. Première impression à notre arrivée (la même qu’en arrivant à Hanoi 3 semaines auparavant) : nous venons de gagner une dizaine de degrés par rapport au Nord du Vietnam. En quittant Maman, nous retrouvons le soleil et la chaleur (je ne sais pas encore lequel est le mieux…) J. Même en arrivant à minuit, la différence se fait sentir et ça fait du bien !

A minuit, nous finissons par trouver un taxi à un prix raisonnable en le partageant avec une marocaine. L’avantage par rapport à Hanoi, c’est que l’aéroport n’est qu’à une petite dizaine de kilomètres du centre. Le centre-ville, même à cette heure avancée, est très animé : des vietnamiens font encore du sport (badminton, dacau – prononcer Da Kao, l’équivalent du jianzi en Chine – ou football) tandis que les touristes profitent de la douceur de la soirée en vidant quelques verres. Vu l’heure, on a bien fait de réserver une guesthouse dans le quartier routard mais on mettra plus d’une heure à la trouver tellement elle se trouve dans une ruelle ridiculement petite… Nous avons donc deux lits dans un dortoir de six lits qu’on paie 8$ par personne. Nous nous rendrons vite compte que nous payons cher pour le quartier et qu’il est très aisé de trouver sur place une chambre double privative pour le même prix…

Nous avons prévu de passer 3 nuits, 2 jours dans cette seconde capitale. Car si Hanoi est la capitale administrative, HCMV, avec ses presque 10 millions d’habitants, est clairement la capitale économique. Ce n’est pas une ville musée à l’instar d’Hanoi : ici, ça bouge, ça vit, ça fait du business, ça fait la fête ! C’est ici que le décollage économique du Vietnam s’est initié avant de se propager au reste du pays.

 « J’ai fait le Vietnam !»

Le lendemain, nous nous mettons en route tardivement pour faire le tour de la ville. Nous prenons un bon bol de pollution olfactive et sonore car la ville compte encore plus de motos qu’Hanoi puis nous nous mettons en route directement sur LE lieu à ne pas rater quand on est de passage à Saigon : le musée des vestiges de la guerre. Hé oui, on ne peut pas mentionner Saigon sans toucher un mot de son lourd passé historique : capitale de l’Indochine à l’époque de la colonisation française puis au cœur du commandement américain lors de la guerre du Vietnam (Les GI s’étant installés à Saigon afin de mener leur guerre contre l’expansion du communisme venu du Nord).

Même si nous ne l’avons que peu ressenti jusque maintenant (sauf à My Son), nous n’oublions pas que le Vietnam a été le théâtre des pires atrocités et d’innombrables bombardements pendant la guerre de 1962 à 1975. Et le musée des vestiges de la guerre est là pour en témoigner. D’abord baptisé « Musée des crimes de guerre américains », c’est dire s’il était à charge contre les USA, son nom a été modifié pour ne pas choquer les touristes américains attendus en masse depuis la fin de l’embargo en 1994. C’est le musée qui vous fera détester la guerre ! Même si cela commence doucement avec une exposition des engins de guerre dont certains utilisés dans Apocalypse Now, les objets et photos rassemblés dans les différents bâtiments attestent des horreurs menées par les américains. Le Vietnam a véritablement été un terrain de jeu où les USA ont pu mener toutes leurs expériences les plus destructrices. Je ne sais pas quelle est la salle qui nous a le plus choquée : la salle avec les photos de corps déchiquetés et de prisonniers jetés vivants des hélicoptères américains, ou la salle consacrée aux dégâts causés par l’agent orange qui a provoqué tant de déformations physiques ?… Nous en avons même été témoin nous-même lors de notre passage dans le delta du Mékong où nous avons croisé une victime de ce défoliant. Cela fait froid dans le dos !

Si on veut mentionner quelques chiffres pour se donner une idée de l’horreur : le Vietnam a reçu pendant la guerre près de 14 millions de bombes (soit 7 fois plus que pendant la seconde guerre mondiale) sur son sol, et environ 44 millions de litres de défoliants (napalm, agent orange).

La visite de ce musée nous a profondément choqué et laissé de lourdes traces dans nos esprits, mais cela nous a aidé à prendre conscience des atrocités qui peuvent être commises en temps de guerre. Cela nous a permis de mettre des images sur cette réflexion innocente qu’on peut faire face à une légère blessure : « J’ai fait le Vietnam ! »… Haha…

Saigon Express

En sortant du musée, nous continuons notre tour en ville sur une note plus joyeuse. Nous ne nous épargnons aucun monument touristique :

  • Le marché Ben Thanh : le plus grand, le plus vieux, le plus animé de tous les marchés du Vietnam avec ses airs de Halles à la française ;
  • Le palais de la réunification ;
  • La cathédrale Notre-Dame qui ressemble tellement à une église de chez nous ;
  • La Poste Centrale : une perle de l’architecture coloniale avec sa charpente made by Gustave Eiffel himself ! Cet endroit est un témoignage intact de l’influence française dans l’histoire de HCMV, mais avec quand même un immense portrait d’oncle Hô à l’intérieur ;
  • Le théâtre de Saigon qui ressemble à un bâtiment parisien ;
  • L’hôtel de ville magnifiquement illuminé, proche des Champs-Elysées vietnamiens à la mode Time Square (Ngyuen Hué street) ;

Quand un imprévu provoque de belles rencontres…

Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans un super marché afin de faire quelques courses pour le repas de ce soir. Dans notre guesthouse, nous avons la possibilité de nous faire nous-même notre propre bouffe et depuis le temps que nous attendons cela, on ne va pas se gêner ! Mais au supermarché, je m’aperçois que j’ai malencontreusement oublié notre guide du Routard sur cette petite place en centre-ville, juste en face du Banh Thanh Market, où nous avons fait une pause pour regarder un cours d’art martial (oui oui, en pleine ville avec les dalles de béton comme tatami). Puisqu’il s’est passé presque deux heures, je nourris peu d’espoir de le retrouver mais je retourne tout de même jusque là-bas malgré la distance. Bien évidemment, à mon arrivée, je ne retrouve pas le bouquin. Je jette quand même un œil dans les buissons alentours et à ce moment, un SDF à quelques mètres de moi sort de son sac plastique notre livre. Nous avons décidément un bol pas possible ! Il me croit sur parole quand je luis dis que c’est le mien et me le rends sans histoire.

Je me pose alors cinq minutes pour me reposer de ma course effrénée pour revenir jusqu’ici quand je me fais aborder par un groupe d’étudiants vietnamiens qui veulent converser en anglais avec moi. Parmi eux, un homme plus âgé parle parfaitement français et s’en suit alors une discussion très intéressante sur nos vies respectives. Mais Célia est rentrée et m’attend à la guesthouse, et je suis persuadé qu’elle apprécierait de discuter avec lui, surtout qu’il parle français. Rendez-vous est pris, même endroit, même heure demain soir pour aller dîner ensemble et continuer cette discussion J

Comme quoi, les rencontres les plus intéressantes se font parfois lors de moments les plus inattendus !

Bref, je retrouve ma blondinette préférée et je lui raconte tout cela autour de notre premier vrai repas cuisiné par nous-même depuis plus de trois mois : « juste » des pâtes avec de la sauce tomate, délicieux de simplicité ! Ras le bol du restaurant 3 fois par jour… (sisi j’vous jure, ça lasse à la fin…).

Le « fameux » hippodrome de Saigon

Pour notre deuxième jour à HCMV, nous décidons de suivre les avis de notre guide du routard et d’un collègue de Maman sur l’hippodrome de Saigon. Selon eux, il est formidable et nous pouvons y admirer des courses de chevaux. Célia n’a pas hésité bien longtemps avant de m’emmener là-bas. 3 mois sans monter à cheval, ça commence à la démanger quelque peu… J

Comme il est situé dans un district éloigné du centre, nous prenons le bus pour nous y rendre. Suivant les indications des locaux, nous trouvons bien une piste de terre battue de forme ovale mais cela n’est certainement pas un hippodrome… Nous faisons tout le tour du quartier, nous demandons à des dizaines de personnes avant de nous rendre à l’évidence : l’hippodrome de Saigon n’est plus rien d’autre qu’un terrain vague transformé en stade de football et où broutent encore trois chevaux qui se battent en duel…

Du coup, nous nous rabattons sur une foire commerciale qui ouvre ses portes dans l’immense salle juste à côté. Je vais donc m’en donner à cœur joie en passant par tous les stands, en goûtant à tous les rateliers du café, des bonbons, du paté, de l’alcool, etc. Pique-assiette !

Nous visiterons également le quartier aux alentours.

Puis vient le début de soirée. Comme convenu, nous nous rendons sur la petite place en face du Banh Thanh Market à l’heure dite et nous attendons… nous attendons… mais notre vietnamien francophone ne viendra pas. Quel dommage ! A la place, un autre étudiant nous accoste et nous explique que beaucoup d’universitaires viennent ici le soir dans le seul but de parler avec les nombreux touristes et améliorer leur anglais. Et les touristes ne demandent que ça : d’échanger avec eux. Célia et moi sommes surpris, nous n’aurions jamais le courage de faire la même chose en France. Au final, nous parlerons plus de deux heures avec lui autour de la culture vietnamienne, la position des femmes dans la société, la politique autoritaire menée par les socialistes à la tête du pays, etc. Très intéressant, et très enrichissant pour nous tous !

Saigon, nos impressions

Durant ces deux jours bien remplis à Saigon, nous avons bien crapahuté. Ça fait un paquet de bornes supplémentaires sous nos semelles, héhé ! Le plus marquant reste bien évidemment le musée de la guerre.  Avec sa visite, nous avons réalisé l’ampleur de cette « guerre du Vietnam » dont on parle souvent en Histoire ou dans les films, sans trop savoir de quoi il s’agit en réalité. Et nous saluons avec quelle rapidité les vietnamiens s’en sont remis (bien qu’encore très présente dans la mémoire collective) et sont repartis de l’avant pour faire de leur pays une puissance économique d’Asie du Sud-Est. HCMV est une ville où il fait bon vivre, notamment par son temps clément, mais aussi par l’ambiance qui y règne avec tous ces gens qui font du sport nuit et jour dans les parcs, les deux rues du District 3 envahies tous les soirs par des hordes de touristes venus manger un morceau ou vider quelques verres, et enfin parce que l’on y retrouve un peu de France tellement son influence est visible sur la plupart des monuments.

De Saigon, nos semelles nous mènent maintenant vers le delta du Mékong où la vie tourne autour de ce fleuve mythique… Mais cela fera l’objet d’un prochain article : stay tuned !

En attendant, je vous laisse méditer sur cette pancarte,

 

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