[Vidéo] 3 jours à moto sur le plateau des Bolovens !

(Du 1er Février au 5 Février)

Depuis la région des 4000 iles, nous embarquons à bord d’un bus rempli d’autres touristes comme nous afin de nous rendre à Paksé, situé à 150 kilomètres plus au Nord. Cela nous prendra, toutes pauses comprises, 6h (oui, le chauffeur faisait beaucoup de pauses…) ! Nous mettrons ce temps à profit pour faire la connaissance de Thomas, un montpelliérain qui est en vacances pour quelques semaines dans le coin. Comme la majorité des touristes ici, nous avons le même itinéraire pour les jours qui viennent, nous allons donc rester plusieurs jours ensembles.

Nous arrivons à Paksé vers 17h. Comme d’habitude, nous nous mettons en quête d’une guesthouse dans nos prix. Après avoir essuyé plusieurs refus, un vieux monsieur traverse la rue pour nous indiquer un hôtel à quelques mètres de là. Nous nous méfions mais le conseil s’avère excellent et nous trouvons une chambre correcte pour 70 000 kips/nuit mais incapable de nous souvenir du nom. A peine le temps de nous reposer que nous avons rendez-vous à 18h chez un loueur de motos francophone appelé Miss Noy. Ce loueur, tous les blogs francophones en parlent, il est dans le routard, etc. La boutique est très facile à trouver et le belge qui y travaille est de bon conseil. Pendant près d’une heure, il nous explique avec carte et détails l’itinéraire du plateau des Bolovens (voir ci-dessous).

L’explication terminée, nous traversons la rue pour aller manger dans le seul restaurant indien de Paksé. Et il s’agit certainement d’un des meilleurs restaurants de la ville, et peut-être aussi le moins cher !  Si vous vous rendez à Paksé, vous ne pouvez pas le rater, c’est quasiment le seul établissement encore ouvert après 20h…

Depuis notre arrivée en ville, je ne me sens vraiment pas très bien et cela remet en cause notre départ pour le plateau des Bolovens le lendemain… Partira ? Partira pas ? Nous verrons bien demain matin…

Le plateau des Bolo-quoi ?

bolovens 

Le Plateau des Bolovens est une région du sud du Laos réputé pour son climat agréable, ses cascades spectaculaires, son sol fertile et son excellent café. C’est aussi une des régions les plus bombardées pendant la guerre du Vietnam. Les « Laven » (Bolovens signifiant « patrie des Laven ») constituent le plus important groupe ethnique du plateau où vivent également d’autres ethnies (Katu, Alak,…). Afin de faciliter le tourisme, leur exploration se fait à motos sur 2 boucles plus ou moins aménagées. La première boucle, la plus petite, part de Paksé pour rejoindre Tad Lo au Nord, puis Paksong et retour à Paksé. La route est facile et permet de relier les cascades principales. Elle se fait en 1 ou 2 nuits selon le temps que vous passez à visiter les alentours.

La plus grande boucle est celle que nous avons choisie de faire (en fluo sur le plan). Elle rallonge considérablement le parcours, mais permet de passer par Sékong mais aussi par la plus grande cascade du Laos : Tad Katamtok. La route à parcourir est également plus longe, plus difficile car pas goudronnée partout, mais surtout plus belle. Elle peut se faire en 2 ou 3 nuits. Nous choisissons de la faire en 2 nuits.

 1er jour : Paksé – Tad Lo

Ce matin, je me sens mieux et nous décidons à prendre la route, bien que tardivement. Alors que nous nous sommes levés tôt ce matin pour être dans les premiers au loueur de motos et avoir une Honda Wave 100 pour 50 000 kips/jour pour 4 jours, nous trainons à préparer nos affaires et le temps défile… Nous laissons nos grands sacs à la guesthouse et emportons le strict minimum pour ce roadtrip de 2 nuits / 3 jours (le fer à lisser étant inclus dans le « strict minimum »). Vrouuum !

Bien que la boucle puisse se faire en bus local, la faire en motobike a de cela appréciable qu’elle nous permet de jouir d’une grande liberté. Nous nous arrêtons sur différentes cascades, nous nous baignons dans des endroits super sympas, et surtout, nous quittons la grande route pour nous enfoncer dans des villages traditionnels où nous recevons un accueil extrêmement chaleureux. A chaque fois, nous pénétrons dans des villages aux habitations en bois extrêmement sommaires, les quelques villageois sont très pauvres, vivant dans la poussière ocre omniprésente, mais les locaux sont ravis d’avoir de la visite et les « Sabaidee » enjoués fusent de partout… A chaque fois, ce sont des rencontres géniales, des sourires échangés (à défaut de discussions qui sont assez limitées puisque nous ne parlons pas encore laotien…), des jeux avec les enfants, des moments de partages géniaux !

Dans un village, rencontre inoubliable !

Dans un village, rencontre inoubliable !

Un jeune ado, plus téméraire que les autres, nous demandera même : « Le Laos, c’est partout comme ici dans mon village ? ». Alors nous nous retrouvons à lui expliquer qu’ailleurs, même au Laos, la vie est bien différente. Les maisons sont en dur, la route est goudronnée, les gens travaillent dans des bureaux, etc. Ce garçon doit avoir une quinzaine d’années et n’a jamais dû voir beaucoup plus loin que Paksé, à environ 40 kilomètres de là…

Nous parvenons en fin de journée au petit village de Tad Lo, juste à temps pour prendre le dernier matelas dans la homestay de Mama Pap. Aaaaahh Mama Pap… Un monument à elle toute seule ! Il y a 5 ans, elle était l’une des premières à ouvrir une homestay à Tad Lo. Depuis, de nombreuses autres l’ont suivi avec différents prix. Mais Mama Pap est sûrement la moins chère et la plus chaleureuse en même temps. Cette dame d’un âge certain (Elle en parait 60 alors qu’elle en a… 45 !) a aménagé son grenier en dortoir (quoique « jeté 8 matelas avec des moustiquaires et tendu des draps en guise de paroi » serait plus approprié) et propose un lit pour la modique somme de 15 000 kips/nuit. Mais elle est tellement adorable avec ses mimiques, son franc-parler et sa cuisine délicieuse à bas prix qu’on lui pardonne tout à fait !

Nous passons la soirée à discuter avec les autres voyageurs réunis autour de la grande table : d’autres français, des allemands, un anglais, Mama Pap et sa famille et quelques bières… Nous allons nous coucher dans une véritable ambiance de colonie de vacances, ça chambre un peu, ça plaisante et ça finit par s’endormir malgré le léger vent qui s’engouffre dans toutes les brèches de la toiture.

Jour 2 : Tad Lo – Katamtok

Nous nous lançons sur les routes laotiennes pour notre deuxième jour à moto. Les kilomètres défilent au milieu de paysages absolument fabuleux. Des montagnes, de la verdure, des plants de café, etc. Sur les conseils du belge de Miss Noi, nous souhaitons dormir dans une petite guesthouse située près de la grande cascade de Katamtok sur la grande boucle. Mais cette guesthouse semble assez difficile à trouver, au milieu d’une piste de sable rouge…  On verra !

Nous traversons Thaleng, puis Sekong (référez-vous à la carte si vous êtes perdus) et faisons un arrêt baignade à la cascade Tad Faek. La veille, nous nous sommes rapidement lavés vu les « infrastructures » de Mama Pap, alors j’en profite pour me rincer et plonger au pied de la cascade pendant que Célia se fait quelques copines d’un groupe de jeunes filles lao qui, profitant que j’étais éloigné (je devais les intimider), n’ont pas résisté à leur curiosité. Je reste un peu à l’écart pendant que Célia s’amuse, les pieds dans l’eau, avec sa petite équipe qui la suit partout. Nous jouons quelques instants dans l’eau puis partageons un paquet de biscuits avec ces demoiselles puis reprenons la route car l’heure tourne.

De nouveau, nous pénétrons dans des villages disséminés au hasard le long de la route et les rencontres sont encore plus belles que la veille. Les gens sont tellement accueillants, souriants et semblent si heureux, malgré leurs conditions de vie difficiles. Nous prenons les devants puisqu’ils sont très timides et rapidement, le cœur sur la main, ils nous font visiter leurs maisons, secouent les arbres pour récupérer puis nous offrir des fruits, tandis que les enfants viennent nous taquiner. Nous n’échangerions pas nos vies contre la leur, mais parfois, nous envions leur insouciance et cette capacité qu’ils ont à se contenter de ce qu’ils ont…

La route sur laquelle nous nous engageons se transforme rapidement en piste de terre rouge digne du Paris – Dakar. La route macadam est seulement en train d’être construite entre Paksé et Katamtok. Nous apercevons alors Katamtok sur notre gauche, la plus grande cascade du Laos. Débouchant de la forêt, elle se jette dans le vide avant de se fracasser plus de cent mètres plus bas sur des rochers polis par l’érosion. Le soleil se couche. La route devient encore plus belle mais nous sommes toujours sur la route alors que la nuit tombe. Nous bifurquons à gauche puis prenons un chemin scabreux qui descend fortement dans la forêt. Nous sommes légèrement inquiets car si l’auberge que nous cherchons n’est pas plus bas, nous devrons tout remonter et continuer à chercher dans la nuit noire…

Heureusement, après une dizaines de bosses supplémentaires, nous nous rassurons et apercevons le panneau d’entrée de l’auberge. Enfin, « auberge » il faut le dire vite puisqu’il s’agit d’une dizaine de bungalows très sommaires en bambou disposés dans un charmant jardin où nous pouvons entendre le bruit de la cascade qui coulent non loin de là. Et c’est tout… Apparemment, les deux adolescents qui sont là sont surpris de nous voir, ils ne doivent pas recevoir souvent de touristes… Pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de gaz, c’est sûr que ça doit rebuter plus d’un voyageur… Quelques mois auparavant, je ne doute pas que cela nous aurait inquiété, mais maintenant, ce confort (ou ce manque de confort) nous fait plutôt rire J. Tant bien que mal, nous mangeons une assiette de riz avec des légumes (ce qu’il restait dans les placards) à la lampe frontale puis restons quelques instants autour du feu de bois pour faire connaissance avec nos hôtes. La vie ici est tellement simple et ça fait plaisir de revenir à ces valeurs basiques. Puis nous regagnons notre bungalow et nous réfugions sous notre moustiquaire pour passer l’une des meilleures nuits depuis bien longtemps. AUCUN bruit ne vient interrompre notre sommeil et nous nous réveillons même tardivement… Après quelques gâteaux secs en guise de petit-déj et des ablutions matinales au pied de la cascade juste à côté (25 min de descente quand même…), nous reprenons la route pour notre troisième et dernier segment de route.

 

Jour 3 : Katamtok – Paksé

La piste rouge en direction de Paksong nous mène à travers les plants de café sur des kilomètres et des kilomètres. Peu après Paksong, nous nous arrêtons à Tad Fan. Nous voyons que nous nous rapprochons de la civilisation puisque l’accès aux cascades devient payant… Mais la vue vaut les quelques kips : Tad Fan est une des cascades les plus spectaculaires du pays. Deux bras jumeaux serpentent dans l’épaisse forêt et plongent dans le vide sur plus de 120 mètres de haut. Nous pouvons observer la cascade depuis un promontoire construit au sein d’un resort de luxe installé juste en face. Puis nous décidons de suivre les conseils de français rencontrés chez Mama Pap et de longer le resort sur la gauche pour démarrer une randonnée afin de rejoindre une autre cascade que nous avons dépassée en moto : Tad Yuang. Au début, la promenade est facile. Mais rapidement, le chemin est de moins en moins balisé, mais surtout il descend et descend encore, la promenade se transforme en descente en rappel avec les lianes qui trainent là comme corde d’escalade. Nous ne savons pas vraiment où nous allons mais comme il est plus facile de continuer de descendre que de remonter, nous continuons jusqu’à nous retrouver en haut de Tad Fan que nous observions une heure auparavant. Là, nous nous disons que nous ne devons pas être sur la bonne voie.Mais plutôt que de remonter toute la montagne, nous remontons un cours d’eau en espérant qu’il nous mènera à Tad Yuang.

Nous marchons, traversons la rivière dans un sens sur des pierres glissantes, montons une pente, revenons sur nos pas, marchons encore, traversons la rivière dans l’autre sens sur un arbre tombé en travers, enjambons des racines, retraversons la rivière pieds nus... Là, clairement, nous sommes perdus. Et malgré la perspective, nous ne sommes pas inquiets plus que ça. Bien sûr, nous nous disons que nous aurions dû semer des cailloux blancs comme le petit Poucet, mais nous sommes également conscients que la randonnée que nous réalisons est tout simplement géniale. Se perdre et crapahuter dans cette jungle luxuriante, le long de ce magnifique cours d’eau, se révèlera un moment fort de notre voyage tellement nous en gardons un souvenir exceptionnel, partagés que nous étions entre l’inquiétude et un plaisir immense. Finalement arrivés dans un cul de sac formé par une cascade que nous ne pouvons contourner, nous apercevons une piste qui coupe à travers les arbres et remonte à sec. Nous remontons pendant un long moment, cherchant à assurer chacun de nos pas sur ce terrain traitre, nous agrippant aux racines et fougères, suant sang et eau pour parvenir enfin à une piste un peu plus large qui aboutit jusqu’à Tad Yuang… Victoire !

Il se fait déjà tard mais peu importe, nous avons bien mérité de nous baigner dans cette magnifique cascade. Ici, il est possible d’atteindre à la nage le pied de la cascade jusqu’à grimper en-dessous. Et je peux vous dire que se tenir au pied de deux cascades de plus de 60 mètres de haut, c’est magique ! Après nous être rafraichis, nous trouvons une voiture qui nous redépose à Tad Fan pour reprendre notre moto et rentrer à Paksé à quelques dizaines de kilomètres de là… C’est là la fin de notre riche expédition à moto sur le plateau des Bolovens…

Nos impressions

C’est définitivement un immanquable pour un voyageur parcourant le Laos ! La petite boucle est extrêmement facile à parcourir, mais nous recommandons de vous lancer sur la grande boucle car elle permet de s’éloigner un petit peu du premier circuit qui est finalement très touristique. La plus grande balade comporte jusque ce qu’il faut de route et de piste pour prendre du plaisir à faire de la moto au milieu de ces magnifiques paysages (comprenez « juste assez pour avoir mal aux fesses »). En plus des paysages, c’est la possibilité de découvrir de nombreuses cascades plus ou moins spectaculaires et de se baigner au milieu de formidables formations naturelles… Splendide ! Mais surtout de faire des rencontres inoubliables avec les locaux !