[Vidéo] Un éléphant, ça trompe énormément !

(Le 5 Février)

Après notre boucle de trois jours dans les Bolovens, nous choisissons de garder la moto une journée de plus pour continuer notre exploration de la région. Cette fois, cap au sud, et plus précisément en direction du village de Champassak, à une trentaine de kilomètres de Paksé. En une bonne heure, une belle route (ça change des pistes !) nous mène jusqu’au monument du Wat Phou.

Wat Phou

Nous avions entendu deux sons de cloche sur ce site archéologique : certains avaient trouvé l’endroit sympa pour une promenade mais rien d’exceptionnel, tandis que d’autres avaient adoré l’atmosphère qui se dégageait de ces vieilles pierres et c’était pour ceux-là un « must see ». Dans le doute et pour nous faire notre propre opinion, nous nous pointons devant le guichet d’entrée. Soulagés de 30 000 kips (presque 4€) par personne, nous faisons nos premiers pas dans le musée qui retrace l’histoire du temple. Tout cela a l’air intéressant, mais comme tout est en anglais, nous fatiguons rapidement et partons à l’assaut du parc…

Classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 2001, c’est le site archéologique le plus intéressant et le plus important du Laos. Le Wat Phou, littéralement « temple de la montagne » en lao, est le berceau de la civilisation khmère, bien avant la fondation d’Angkor. Ce fut, à l’époque des ancêtres des khmers, le centre religieux de toute une population qui avait reconnu, dans les formes généreuses de la montagne verdoyante, la forme phallique d’un lingam. Pensez que nous avons cherché cette forme dans la montagne, mais que nous n’avons rien vu y ressemblant de près ou de loin…

Nous empruntons la grande allée, bordée de chaque côté par deux grands bassins asséchés. Au loin, se dessinent les ruines du temple surplombé par les montagnes. Plus nous approchons, plus les traits se précisent. Il fait chaud, plus de 30° et nous avançons en passant de l’ombre des arbres à l’ombre des murs des palais encore debout. Mais ici, il n’y a plus grand-chose encore debout, d’ailleurs une équipe d’ouvriers est à l’œuvre sur le Palais du Nord pour lui rendre sa splendeur d’antan. Nous marchons maintenant sur l’allée centrale qui s’étale sur environ 200 mètres avec plein de lingams (phallus) de Shiva sur le bas-côté (n’imaginez pas non plus un champ de verges… Il s’agit juste de cailloux de la forme d’un rouleur qui pointent vers le ciel). Au bout, part un grand escalier en pierre très raide qui mène au sanctuaire. Les terrasses nous permettent de nous reposer pendant la grimpette à l’ombre des frangipaniers aux fleurs immaculées et odorantes… Huuum, délicieux !

Le sanctuaire, bien que très petit, est le bâtiment le plus intéressant et le mieux rénové. De nombreux bouddhistes (le site était à l’origine hindouiste mais a été « annexé » par les bouddhistes au XVIème siècle) y viennent encore en pèlerinage. De magnifiques sculptures et bas-reliefs représentant la trinité hindou (Shiva, Brahma, Vishnou : des noms que nous avons appris à connaitre depuis notre départ !) ornent les différentes salles. Dans les alentours, on trouve également une source sacrée qui suinte de la roche de la montagne et une table en pierre en forme de crocodile qui aurait servi à des sacrifices humains.

Nous prenons maintenant un bac (radeau de 3x3 mètres) avec la moto en équilibre pour traverser le Mékong et nous retrouver sur la route menant au village des éléphants.

Le Sud du Laos est réputé pour ses possibilités de balade sur le dos de ces gros pachydermes. Nous roulons encore une bonne heure avec une dizaine de kilomètres de piste rouge et poussiéreuse particulièrement technique ! Il est déjà 14h30 quand nous parvenons  au village de Ban Khiet paumé au milieu de nulle part. Nous ne sommes pas surpris d’y trouver quelques mini-vans pour touristes. Mais là, mauvaise surprise : le prix a plus que doublé par rapport à ce que nous avions entendu et en plus, les touristes présents attendent depuis presque deux heures leur éléphant… Nous hésitons, mangeons un morceau pour prendre le temps de la réflexion, puis décidons de partir vers le second village des éléphants bien que l’après-midi est déjà bien avancée. Nous parcourons de nouveau plus de 10 kilomètres sur une piste dangereuse quand … Boum ! Nous connaissons notre première chute sur un instant d’inattention de Ben. La moto vole dans le décor tandis que nous faisons un roulé-boulé dans la terre ocre. Un local qui passait par là au même moment semble habitué aux chutes puisqu’il s’arrête immédiatement et sort du coffre de sa bécane une compresse et de l’alcool à désinfecter. Heureusement, plus de peur que de mal : quelques égratignures, un peu de poussière sur les vêtements, le rétro de la moto dévissé, mais nous pouvons repartir ! Nous parvenons finalement au village de Ban Papho.

Ban Papho, le village des éléphants

Au beau milieu de la cambrousse tropicale, ce bled semble figé dans le temps avec sa panoplie de métiers d’artisanat traditionnels. Nous nous arrêtons devant la seule guesthouse du coin avec un éléphant vaguement dessiné sur la porte d’entrée. Il est déjà 16h30, donc définitivement trop tard pour faire la balade de 2h que le propriétaire nous propose pour 200 000 kips. Dommage, ça a l’air vraiment bien ! Mais Célia tient absolument à faire un tour d’éléphant aujourd’hui alors elle insiste et négocie avec le cornac (éléphant driver) un petit tour d’une quarantaine de minutes pour la modique somme de 50 000 kips. Une demi-heure plus tard, le cornac revient avec son éléphant qui travaillait dans la jungle environnante. Nous demandons à aller nous promener dans les marais. Le cornac acquiesce et nous prévient que nous serons mouillés. Par précaution, nous enfilons nos maillots de bain. Nous grimpons sur le pachyderme, prêts pour ce qui sera définitivement un des meilleurs moments de notre voyage. C’est là que l’aventure commence, voyez plutôt … 

Retour à Paksé

Quelle énorme partie de rigolade ! Nous redescendons de l’éléphant avec les zygomatiques encore endoloris tellement nous avons ri pendant cette promenade. Nous nous changeons rapidement, remercions le cornac et il est déjà l’heure de reprendre la route pour Paksé tandis que le soleil a déjà bien entamé sa descente vers l’horizon. Nous avons encore 25 km de piste puis 50 km de route pour rejoindre notre guesthouse. Comme nous le redoutions, à la poussière, aux crevasses et aux insectes vient s’ajouter la nuit alors que nous sommes encore sur la piste. Pour couronner le tout, nous nous rendons compte que nous n’avons pas de lumière sur la moto. Là, ça devient vraiment compliqué. Nous sortons les frontales et avançons à l’allure d’une tortue. Malgré toute la concentration de Célia, nous connaissons notre seconde chute de la journée. Cela commence à faire beaucoup, nous sommes fatigués et pourtant encore si loin de rentrer… En utilisant nos lampes frontales et en suivant d’autres motos, nous parvenons à rentrer après une route qui nous a semblé interminable et extrêmement dangereuse. Nous sommes donc rassurés de rentrer sans problème supplémentaire. Une douche ne sera pas suffisante pour laver toute la poussière ocre qui recouvre le moindre centimètre carré de peau. Nous désinfectons nos blessures et filons  avaler notre dernier cheese nan chez l’indien de Paksé. Demain, nous partons déjà pour notre prochaine étape : Thakek où devinez ce qui nous attend ? Un trek à moto ! Quand il n’y en a plus, il y en a encore !