[Vidéo] Bangkok, la mégalopole royale !

(Du 2 au 5 Mars)

Deux chiffres qui en disent long sur la capitale thaïlandaise : la mégalopole regroupe 10% de la population du pays et 90% des voitures immatriculées dans le royaume. Alors que la capacité d’accueil des véhicules est estimée à 1,6 million, on en compterait aujourd’hui plus de 7 millions… Alors Bangkok apparait souvent comme une agglomération surchargée, embouteillée, exténuante et étouffante. C’est ce qu’elle est, en particulier avec la chaleur que nous avons vécue, mais elle est également une ville très vivante, riche, avec un quartier touristique plein de charme et regorgeant de temples splendides.

Le principal problème de Bangkok est que la ville a été bâtie sur des terres cernées de canaux et qu’elle s’enfonce de 30 millimètres par an ! Autant dire que lors de fortes moussons, les thailandais doivent enfiler leur maillot et troquer leur tuk-tuk contre un canoë. En 2011, une inondation a ravagé la ville et a duré plusieurs mois ! Cela fait d’elle une ville en sursis, une des villes du monde les plus exposées au changement climatique. Mais ces canaux donnent à cette « Venise de l’Orient » un charme certain puisqu’ils serpentent dans toute la ville qu’on peut alors visiter en bateau.

Bangkok est une ville pleine de contraste où les gratte-ciels du quartier d’affaires côtoient les bicoques sur pilotis d’où les enfants nagent et les mères étendent leur linge ; les centres commerciaux climatisés succèdent aux stands de cuisine de rue où l’on découpe la viande en plein air et où l’on mange à même le trottoir…

Bangkok, c’est tout ça, c’est bien plus encore, laissez-vous engloutir avec nous par le monstre urbain !

Le jour se lève sur Bangkok

Le soleil se lève sur Bangkok et nous découvrons ce qu’est une ville, une vraie. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions vu une mégalopole de cette taille. Débarqués du bus alors que les premiers rayons viennent tout juste de pointer leur nez, la chaleur est déjà accablante. Notre séjour s’annonce chaud et humide de transpiration. Nous ignorons les taxis et par chance, trouvons la station de bus locaux afin de rejoindre le quartier routard de la capitale : la mondialement connue Kao San Road !

Souhaitant rester au calme, nous nous écartons rapidement de Kao San Road pour trouver une auberge près du fleuve, vers un quartier que nous avait indiqué Hugo rencontré au Laos. Le Flapping duck étant complet, le propriétaire nous redirige vers un monsieur/madame/lady boy qui tient la guesthouse juste derrière et qui conviendra parfaitement pour 300 bahts la chambre double. A ce tarif, nous battons tous les prix de Bangkok !

Chatuchak Market

La chaleur ambiante nous empêchant de bouger avant, nous nous mettrons en route sur les coups de 13h (logique, la période la plus chaude…) en direction du Chatuchak market, l’un des plus grands marchés d’Asie : plus de 15 000 stands se bousculent pour vendre tout et surtout n’importe quoi. C’est sûr que c’est autre chose que le marché de Lille Wazemmes le dimanche matin… Nous attendons le bus, dégoulinant au soleil, avec un couple d’anglais rencontrés là, quand ces derniers se résignent et hèlent un taxi en nous proposant de monter avec eux gratuitement. Oh oui bien sûr, c’est super sympa ! Il faut dire que Bangkok est quand même hyper mal foutue : tous les touristes se regroupent du côté de Kao San Road, où il y a tous les hôtels, les temples, les monuments et l’animation en générale et c’est le seul quartier qui n’est pas desservi par le métro… C’est à n’y rien comprendre… Peut-être que prolonger le métro, qui s’arrête deux kilomètres avant, signifierait la mort des taxis et des tuktuks ? Pourtant, vu le trafic surchargé de la ville, ce serait peut-être intéressant de développer les transports en commun.

Le marché est tellement gigantesque, que la grande horloge en son centre et la carte du lieu ne suffisent pas à nous repérer et nous nous perdons à plusieurs reprises. Ce marché, c’est des étals partout, avec des milliers d’allées qui se croisent et se recroisent, des zones en fonction du type de biens vendus mais qui ne sont pas vraiment respectées, encore des étals partout, des clients touristes ou locaux qui se bousculent, et surtout un endroit pour y trouver tout ce qu’on peut imaginer : du simple bracelet, à la peinture d’art, un canapé, des chaussures, des gagdets, etc. Mais toujours pas de batterie de GoPro…

En fin de journée, nous profitons de la fraicheur qui revient dans un parc non loin de la guesthouse, en dégustant la boisson nationale en Thailande : le fruit shake ! Soudain, un coup de sifflet retentit, tout le monde s’arrête en même temps et un hymne résonne. Vraiment impressionnant de voir toute cette foule s’arrêtant au même instant, j’ai même cru qu’il s’agissait d’une caméra cachée. Nous nous levons d’un bond et patientons jusqu’à la fin de la musique sans oser bouger. Après renseignement, il s’agissait d’un hymne en hommage au roi de Thailande qui a lieu tous les jours à 6h et 18h. Impossible de vérifier, nous ne reverrons plus ce genre de manifestation durant tout notre trip en Thailande…

Ambassade de France

Depuis le Vietnam, notre carte bancaire Premium était bloquée et afin d’en récupérer une nouvelle, notre banque nous a demandé une adresse postale. Et comme notre adresse postale change tous les deux jours environ, nous lui avons proposé l’adresse de l’ambassade de France à Bangkok en espérant que ceux-ci pourrait la réceptionner et nous la garder sous le coude. Nous avions également pensé à la mettre en poste restante mais nous n’avions pas trop envie de laisser la carte et le courrier avec le code dans une poste que nous ne connaissions pas…

Nous prenons donc, le lendemain matin, le bateau-taxi pour descendre le fleuve qui coupe Bangkok en deux, puis nous montons au 23ème étage de la tour CAT où l’ambassade a pris ses quartiers. Ça fait plaisir d’entendre parler français autour de nous et ça fait bizarre de saluer les gens en disant ‘bonjour’. Nous nous présentons au guichet la fleur au fusil pour demander si la carte est arrivée mais le guichetier nous rétorque que l’ambassade n’est pas une Poste. Un collègue qui passait par là tout à fait par hasard conseille à Jean-Luc (le nom du mec au guichet…) de passer quand même un coup de fil au service administratif, sait-on jamais. De l’autre côté de la ligne, la dame lui répond qu’elle vient de mettre deux courriers à mon nom dans la valise diplomatique prête à repartir en France. Gentiment, la dame accepte d’ouvrir la mallette scellée et vient nous remettre les courriers. Ouf quelle chance ! Nous serions venus un jour plus tôt ou un jour plus tard, nous ne l’aurions jamais eu ! Merci Jean-luc et merci notre bonne étoile ! Comme quoi parfois, ça ne tient pas à grand-chose…

Wat Pho, Little India et Chinatown

Nous repartons en virée en bateau-taxi : à 15 bahts par personne, c’est vraiment le moyen de transport le moins cher. Il nous reste alors l’après-midi pour visiter :

-          Le Wat Pho : un formidable complexe abritant de nombreux temples et jardins splendides dont un en particulier accueillant un Bouddha couché de 45 mètres de long. La visite est un immanquable de Bangkok malgré la chaleur assommante.

-          Petit détour par « Little India », le quartier indien où nous retrouvons toutes ces odeurs d’épices et ces tissus colorés qui nous rappellent le début de notre voyage.

-          Nous prenons la direction de Chinatown et là, nous découvrons une ville dans la ville. Des gargotes de rues fumantes qui alignent leurs tables à même le trottoir où les gens parlent en chinois, les affiches placardées sont en chinois, les menus sont en chinois, etc. Il est difficile de se frayer un passage dans les microscopiques ruelles encombrées. Il y a de nombreuses petites boutiques d’électroniques où des chinois alignés réparent des smartphones au fer à souder ou jailbreak des iphones en série. Une chouette atmosphère mais malheureusement, toujours pas de batterie de GoPro…

Ces quartiers éloignés du fleuve sont moins accessibles et par conséquent beaucoup moins touristiques. C’est ainsi que nous découvrons le vrai Bangkok, loin de la propreté des monuments, au milieu des locaux qui vivent tout simplement leur vie… C’est dans ces rues authentiques que l’on se rend compte d’une autre spécialité de Bangkok : le véritable foutoir dans câbles électriques suspendus dans la rue. C’est un enchevêtrement de câbles, de transformateurs et de pylônes qui s’emmêlent dans tous les sens. La raison ? La proximité de l’eau sous la terre empêche de les faire passer en souterrain.

Kao San Road

Kao San Road à Bangkok, c’est un mélange de Bastille et Pigalle à Paris. C’est une large rue qui s’anime quand le soleil se couche. Bordée de grandes terrasses successives de chaque côté, elle accueille chaque soir des milliers de jeunes qui viennent faire la fête. Les bars jouent à celui qui mettra la musique la plus forte, celui qui aura le plus des spots lumineux fluos qui aura le plus gros écran géant pour divertir ces hordes de touristes qui descendent girafes sur girafes de bière. Au milieu de tout cela, des vendeurs interpellent sans arrêt les touristes (sérieusement, on se fait accoster toutes les trente secondes !) pour leur vendre un massage, un costume sur mesure, un tatouage, un t-shirt « I love Kao San Road », un scorpion croustillant à déguster, du gaz hilarant, de la marijuana ou encore le fameux Ping Pong show ! Le ping pong show et toutes ses variantes, je ne peux malheureusement pas expliquer ici ce que c’est (c’est un blog sérieux monsieur, pas de cela ici ! Il y a Google pour ça…), mais c’est un spectacle interdit aux moins de 18 ans qu’on ne retrouve qu’ici. Une sorte de spécialité locale à 600 bahts l’entrée par personne tout de même (possibilité de négocier à 450 pour les amateurs). Y’a pas à dire, on sait s’amuser à Kao San Road !

Dans cette rue, on ne s’ennuie jamais. Même si 15 minutes suffisent pour la traverser de bout en bout, on peut être sûr qu’on verra de nouvelles choses surprenantes en repassant une fois de plus. Pas besoin de consommer pour apprécier l’ambiance de la rue, il suffit de s’y balader et admirer le spectacle offert tout ce petit monde réuni autour de la fête. C’est également assez curieux de se promener dans les rues parallèles car même si il y a moins d’animation, il y a également moins de monde et c’est moins bruyant.

En rentrant, je ne peux pas m’empêcher de regarder sur internet ce qu’est le ping pong show. Oui, la curiosité est un vilain défaut, mais je ne voulais pas  mourir idiot… Finalement, je ne sais pas si je suis moins bête après… Haha c’est génial de voir dans quel monde on vit !

Bangkok, capitale du fake

Le lendemain, pour changer du taxi-boat, on décide de prendre le bus pour rejoindre le quartier du Siam et ses centres commerciaux. Nous passerons l’après-midi à rechercher une batterie de GoPro notamment au MBK puis à Computer City mais rien… On trouve des contrefaçons de tout à des prix battant toute concurrence, sauf de ce matériel ! Quand on voit les prix ici, nous ressortons frustrés de ne rien pouvoir acheter, à part un câble iPhone pour Célia à 50 bahts (1,25€)… J

Le soir, nous buvons un verre avec une voyageuse rencontrée à Chiang Mai et nous retournons à Kao San Road profiter de l’animation non stop de la rue. Et pour la n-ième fois :

-          Non, nous ne voulons pas de tatouage !

-          Non, nous ne voulons pas de tuk-tuk, ma guesthouse est à 5 minutes !

-          Non, nous ne voulons pas de costume sur mesure !

-          Non, nous ne voulons pas de marijuana !

-          Et surtout non, je ne veux pas que Célia travaille dans ton spectacle de ping-pong show !

Agitation politique

Lors de notre passage à Bangkok, nous avions eu vent, par les médias, que Bangkok était sujette à d’importantes grèves et des manifestations géantes réprimées dans le sang par l’armée. Une partie de la population souhaitait voir le gouvernement corrompu actuel démissionner. L’aéroport devait être fermé, les agences de voyage européennes annulaient leurs séjours en Thaïlande… Vu l’ampleur que cela prenait aux infos, on s’attendait voir la ville à feu et à sang et pourtant, le seul signe de cette agitation que nous avions remarqué était des ilots barricadés de l’armée postés à certains feux rouges. Nous prenons la direction de Democracy Monument où on nous a dit qu’il restait des vestiges des manifestations. Quelle ironie : aller manifester devant le monument de la démocratie pour demander la démission du gouvernement !

Sur place, la rue qui mène au Democracy Monument est fermée et pour cause : il y a partout des voitures retournées, tagguées aux couleurs de la révolution, avec des affiches placardées sur les portes… Nous remontons la rue en se sentant au milieu de l’actualité mondiale, tel un envoyé spécial en temps de guerre. Célia, vous nous recevez ?

En poursuivant notre route, nous tombons sur un camp de fortune érigé en plein milieu d’une autre route où restent de nombreux manifestants. Je ne peux m’empêcher d’aller discuter avec l’un d’eux pour parler de la politique et de leurs revendications. Le manifestant me dit qu’il y a quatre camps comme celui-ci dans Bangkok, avec au total plus de 150 000 d’entre eux qui dorment sur place et continuent la lutte au quotidien. Ils ne remettent absolument pas en cause le principe de la monarchie parlementaire puisqu’ils adorent leur roi, ils souhaitent néanmoins la démission du gouvernement actuel, corrompu jusqu’à la moelle (la première ministre est quand même la sœur du premier ministre précédent…) et la tenue de nouvelles élections. Le contestataire me dit qu’ils ne cesseront la lutte que quand ils auront obtenu gain de cause et prédit même la fin de la « révolution » dans 3 mois. Le futur lui donnera raison puisque quelques mois plus tard, un putsch a eu lieu en Thaïlande afin de renverser le pouvoir en place…

Mais cette histoire nous a surtout fait réaliser que les médias nous font croire ce qu’ils veulent : selon eux, la ville est à feu et à sang (il y a quand même eu une dizaine de manifestants tués par l’armée !) alors que lors de notre passage, tout était très calme et les touristes ne courraient aucun danger…

Gold Moutain

Non loin de Democracy Monument, nous partons visiter la « montagne dorée » qui est un temple perché sur une colline. Nous grimpons les 320 petites marches sous le soleil de plomb pour découvrir la vue sur la capitale. Nous prenons alors pleinement conscience des contrastes de la ville : dans le même pâté de maison, on peut trouver un magnifique temple doré, un building high-tech d’un hôtel de luxe et juste à côté un bidonville délabré… Plus que le temple, la visite de ce monument vaut le coup pour son coup d’œil sur toute la ville.

Départ pour Koh Tao

La journée touchant à sa fin, nous rentrons à la guesthouse récupérer nos affaires car nous quittons la capitale dès 18h. Bangkok étant située au milieu du pays, il est très facile d’y rejoindre soit le Nord d’où nous venons, soit les îles plus au Sud. C’est d’ailleurs notre destination où nous devrions arriver demain matin, enfin si tout se passe bien… Mais cette histoire, ce sera dans le prochain article !

En bonus, d’autres photos du quotidien en Thaïlande :