[Vidéo] Thakhek, des karsts, et la grotte de Kong Lor !

(Du 6 au 10 Février)

Le Laos n’ayant pas de réseau de transport très développé, il nous faut la journée entière pour rejoindre Thakhek depuis Paksé (85 000 kips/pers). Le bus nous laisse à la tombée de la nuit à la bus-station de la ville, en dehors de la ville. Nous nous regroupons avec les autres touristes pour partager un taxi collectif, et en se tassant à 12 voyageurs plus les énormes sacs dans un tuktuk de 8 personnes, on s’en sort avec un prix raisonnables pour rejoindre le centre-ville. Il nous faut encore trouver une guesthouse où passer la nuit et ce n’est pas chose aisée à Thakhek car elles sont éparpillées un peu partout dans la ville. Nous partons à contrecourant des touristes et après deux vaines tentatives (un hôtel fermé, un autre hors de prix), nous envisageons de dormir sur la place centrale au bord du Mékong quand un couple nous indique une guesthouse à 500 mètres de là. Nous y trouvons une chambre avec clim pour 80 000 kips (7€). C’est d’ailleurs la principale backpackers guesthouse du quartier et nous retrouvons Thomas le montpelliérain.

Day-off à Thakhek

Les guides touristiques décrivent Thakhek comme « une charmante bourgade avec un joli centre historique autour d’une placette sympa, aux rives splendides sur le Mékong… ». Nous, on n’est pas vraiment d’accord : il n’y a rien à faire, le centre est minuscule, il y a trois restaurants qui se battent en duel et les abords du fleuve n’ont rien d’extraordinaire. Heureusement, ça nous convient parfaitement puisque nous avons prévu, pour cette première journée à Thakhek, de nous imposer un dimanche. 4 mois que nous n’avons pas eu de week-end, alors notre programme du jour : rien ! Comme un dimanche ! Nous rattrapons un peu de retard sur le blog, nous glandons sur internet, nous matons des séries affalés dans le lit… La grande vie quoi ! Seule exception à ce planning, nous nous autorisons à sortir pour aller réserver une moto pour le lendemain.

Loop de Thakhek

Le seul intérêt de Thakhek (à notre humble avis), c’est qu’elle représente la porte d’entrée sur la région de Khamouane. L’exploration de cette région se fait de plus en plus à moto, suivant une loop (« boucle ») de 450 km en slalomant entre les montagnes karstiques et avec la grotte de Konglor comme cerise sur le gâteau. Il ne nous en fallait pas plus pour y consacrer trois jours ! Idéalement et au vu de la distance, cette boucle se fait en 3 nuits / 4 jours. Comme nous sommes un peu des fous, et que les roadtrips en moto n’ont plus de secret pour nous, nous choisissons de la faire en 2 nuits / 3 jours. Nous ne planifions pas vraiment où nous dormirons, nous verrons bien en fonction de notre avancement à la journée.

 

Jour 1 : Thakhek – Laksao (174 km)

Comme la plupart des gens qui partent de Thakhek, nous faisons la boucle dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. En cette première matinée, nous prenons la route en direction de Mahaxai. A peine sortis de la ville, nous découvrons cette formidable région qu’est la province de Khamouane. D’immenses pains de sucre karstiques se dressent partout sur la plaine et c’est enivrant de slalomer au milieu de cette baie d’Halong terrestre ! 

Sur la route, de nombreux panneaux indiquent l’une des dizaines de grottes creusées par l’eau dans ces rochers qui émergent de la surface. Au hasard, nous nous arrêtons dans une première grotte. A peine le moteur coupé, que des enfants courent vers nous et veulent nous emmener dans leur terrain de jeux. Le plus vieux ne doit pas dépasser les douze ans. Bien contents de nous faire guider, nous les suivons vers une immense grotte que nous aurions été incapables de trouver sans leur aide. Forts de leur expérience, nous escaladons les rochers de la grotte, passons par des chemins détournés, enjambons des rivières souterraines et découvrons cet endroit mystérieux qui s’offre à nous au prix de maints efforts. Seuls au milieu de la caverne, nous nous la jouons explorateurs ! Les enfants connaissent l’endroit par cœur : ils jouent à cache-cache, sautent de pierre en pierre, se jettent à l’eau, etc. Sans nous en rendre compte, nous passons plus d’une heure à crapahuter au sein de ce karst et il est déjà temps de reprendre la route qui est encore longue.

Nous passons Mahaxai, nous arrêtons dans des petits villages pour saluer les locaux qui nous accueillent toujours avec grand plaisir, puis parvenons jusqu’au petit village de Tha Lang.

 

Il est 14h quand nous nous y arrêtons pour déjeuner dans une sympathique guesthouse le long d’une rivière. Avec le staff de la guesthouse, nous nous concertons pour savoir si nous devons continuer  ou pas pour aujourd’hui. En effet, une fois passé ce village, s’étendent plus de 60 bornes de pistes cahoteuses, soit plus de 3h de route au bas mot. La journée est claire, nous en avons encore sous la semelle, alors nous enfourchons la moto et nous lançons sur cette portion. La première partie du tronçon est en fait constituée de graviers : plus facile à conduire mais bien casse-gueule quand même. Mais nous ne nous apercevons à peine de la route tellement nous sommes absorbés par le paysage qui se joue autour de nous. Avec la construction du barrage Nam Theun 2, des millions de mètres cube d’eau sont venus inonder la région alentour, noyant les milliers d’arbres qui poussaient tranquillement dans le coin. Résultat : des cimes d’arbres morts surgissant de l’eau dans un paysage parfois poétique, parfois triste, mais toujours génial ! Evoluer dans ce décor a quelque chose de surnaturel qui nous laisse bouche bée, entourés que nous sommes par ces marécages d’où pointent vers le ciel ces pieux d’un blanc immaculé. Preuve de la ruine d’une région naturelle par la main de l’homme, ces paysages de « mort » restent toutefois magnifiques à observer et c’est avec regret que nous laissons cette forêt immobile pour attaquer la poussière ocre de la piste. Les premiers kilomètres, c’est drôle, ça nous rappelle la boucle de Paksé, mais rapidement, le chauffeur attrape mal aux bras à force de manœuvrer la moto tandis que le passager a mal au dos suite aux nombreux bonds qu’il fait à chaque trou…

Quand nous parvenons à Laksao en début de soirée, nous sommes exténués et couverts de poussière. Nous prenons rapidement une guesthouse au hasard, il faut dire qu’il n’y a pas foule dans ce village qui ne sert que d’étape sur la boucle.

Jour 2 : Laksao – Konglor (140 km)

Nous reprenons la moto en milieu de matinée pour une petite journée puisque seulement une centaine de kilomètres de bonne route (environ 2h) séparent Laksao de notre étape du jour : le village de Konglor où a été découverte la fameuse grotte. Tant mieux, cela nous donne encore plus de temps pour sortir des sentiers battus et aller à la rencontre de ces enfants qui jouent dans cet étang turquoise. Nous restons quelques temps avec eux, les regardant chercher des coquillages au fond, se laver ou tenter d’attraper des poissons à mains nues. Leur joie fait plaisir à voir. Quand on se dit que chez nous, il leur faut des consoles dernier cri, des centres de loisirs l’été de peur qu’ils s’ennuient… Ici, un rien les amuse, et trois fois rien les émerveille !

Nous parvenons enfin au village de Konglor en prenant bien soin de faire le plein avant de nous engager dans la dernière ligne droite car comme nous ne croiserons plus de station essence pendant une bonne centaine de kilomètres. Nous trouvons rapidement une charmante guesthouse pour la modique somme de 60 000 kips. Plus que l’intérieur de l’hôtel qui est sympa, c’est le décor du village entier qui est époustouflant. Nous sommes entourés de chaines de montagnes karstiques, d’un noir de charbon se dressant à pic autour de grands champs de café verdoyants… Splendide !

Nous conseillons à ceux qui souhaiteraient se rendre à la grotte d’arriver au plus tard en début d’après-midi à Konglor de manière à pouvoir profiter de la plage et du bassin aux abords de l’entrée de la caverne. L’accès y est gratuit et nous y passerons l’après-midi à nous baigner (enfin, pas pour Célia qui trouve l’eau trop poissonneuse à son goût), sauter du gros rocher et nous reposer sur le sable ; il faut dire que nous n’avions pas encore eu beaucoup l’occasion de sortir les maillots de bain depuis notre départ de France…

Nous passerons la soirée dans un des petits restos du village, avec un petit groupe de touristes rencontrés au bord du lac. Nous les rencontrons, restons quelques heures avec eux, puis chacun reprend sa route…

Jour 3 : Grotte de Konglor – Thakhek (206 km)

La visite de la grotte se faisant par bateau, le prix d’entrée est la location du bateau avec son capitaine, soit 120 000 kips pour la barque qui permet d’accueillir 3 personnes maximum (+ le capitaine). C’est assez cher, mais ça en vaut vraiment le coup ! Lampes frontales vissées sur la tête, nous embarquons pour une balade de plus d’une heure à travers les entrailles de la montagne. Nous traversons des salles plus vastes que des cathédrales dans un noir complet que seules nos puissantes frontales (incluses dans le prix) viennent troubler. L’eau limpide renvoie le faisceau de nos lampes sur les gigantesques murs comme un miroir. Parfois, le niveau de l’eau est tellement bas que notre chauffeur, qui conduit à la lueur de sa lampe entre les stalagmites qui sortent de l’eau ou les débris amenés par la rivière qui coule, nous demande de descendre de la barque pour passer le rapide les pieds dans l’eau avant de reprendre la balade.

En sortant de la visite, le soleil est déjà presque à la moitié de sa course. Nous nous hâtons d’avaler un morceau car une longue route nous attend. Nous avons choisi de rentrer à Thakhek en une seule après-midi, soit une très longue route de 180 km (environ 4h de route). Alors oui c’est beaucoup de route, c’est fatiguant et ça fait mal aux fesses, mais il n’y a rien sur cette portion de route qui justifie de passer une nuit supplémentaire. Après être revenus sur vos pas pendant 50 km après Konglor (vous référer à la carte), les 30 kilomètres suivants sont sympas, notamment avec un super point de vue sur la vallée puis la traversée de paysages naturels magnifiques, mais le reste n’a rien d’extraordinaire. D’ailleurs, la plupart des touristes font le retour d’une traite.

Nos impressions sur ces loops à moto

Deux boucles à moto à la suite, Paksé puis Thakhek, c’est fatiguant pour les voyageurs que nous sommes devenus. Après avoir rendu la seconde moto, nous en avions ras le bol d’avaler des kilomètres de route et nous ne pouvions plus voir la couleur ocre en peinture. Mais ces boucles sont tellement différentes dans leurs expériences, dans les paysages traversés, que nous ne savons toujours pas laquelle nous avons préféré. A Paksé, les cascades sont vraiment agréables et ça fait plaisir de pouvoir se baigner. Mais à Thakhek, les paysages sont vraiment magnifiques entre les arbres morts, la grotte de Konglor et ces innombrables pains de sucre karstiques entre lesquels nous avons slalomé pendant 400 kilomètres… Cela reste deux très fortes expériences qui, bien qu’éprouvantes, nous laissent des souvenirs impérissables.

Maintenant, nous avons bien mérité un peu de repos… Ah bah non ! Nous prenons dès demain le bus à 7h du matin pour monter à la capitale du pays : Vientiane.