Dans la jungle, terrible jungle de Taman Negara

(Du 24 au 27 Mars)

Au centre de la Malaisie, se trouve le parc national de Taman Negara ("parc national" en malais) renfermant une forêt tropicale réputée pour être l’une des plus anciennes du monde : 130 millions d’années (ça fait un paquet de bougies !). Il s’agit de notre prochaine destination, à mi-chemin entre les Perhentians et la capitale Kuala Lumpur.

24 Mars…

Au petit matin, nous quittons les îles Perhentians à bord d’un hors-bord qui fend les vagues tant bien que mal. Nous sommes violemment chahutés dans tous les sens dans ce tape-cul qui monte et descend de plusieurs mètres au sein des creux des vagues. Nous en ressortons littéralement trempés, il n’est que 7h30 du matin – la journée commence bien !

Nous trouvons rapidement des billets de van que nous avons préférés prendre de retour sur le continent car ils sont moins chers que si nous les avions pris sur l’île. Alors c’est l’histoire de 2 allemands, 1 américain, 2 néerlandais et 4 français qui sont dans un van…

Nous traçons en direction du parc, nous traversons la campagne Malaisienne et nous constatons cette catastrophe écologique que représentent les plantations d’huile de palme. Le problème n’est pas tant la consommation de cette huile végétale mais les conditions de sa production. Pour planter tous ces palmiers, des hectares et des hectares de végétation naturelle ont été dévastés, des forêts ont été rasées, c’est un véritable désastre… Mais la Malaisie a pris conscience de ce désastre et semble avoir lancé des programmes pour rééquilibrer son éco-environnement mais il y a du boulot…

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Tout se passe bien et il nous semble possible d’arriver en temps et en heure jusqu’à ce que notre van prenne un coup dans l’aile, enfin dans la roue et nous oblige à interrompre le voyage. Le chauffeur nous prévient que nous ne pouvons repartir et devons attendre les secours. Le chauffeur hèle un autre mini-van dans lequel il y a 5 places. A peine le temps de nous retourner vers nos camarades de voyage, que les allemands attrapent leurs sacs et les mettent dans l’autre van. «Et ça ne vous dit pas de discuter qui monte dans le van et qui attend le prochain dans 3h ? » « Nein, sorry ! » « ok… ». Nous discutons rapidement avec les autres, aussi sidérés que nous par le comportement des allemands, et comme notre planning est plus souple que le leur, nous décidons de rester sur le bord de la route avec les deux autres françaises. Nous trouvons une table de fortune près d’une bicoque et nous sortons nos jeux de cartes offerts par les copains pour jouer avec nos compatriotes, le chauffeur du van et les enfants du petit commerce pendant plus de 3h.

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Il fait nuit noire quand nous arrivons enfin à Kuala Tahan, le petit village à l’entrée du parc de Taman Negara. Comme à notre habitude, nous n’avons rien réservé pour la nuit, et nous essuyons plusieurs refus avant enfin de trouver un dortoir de 4 lits que nous partagerons avec les deux françaises rencontrées sur la route. Le prix : 10 RM par nuit et par personne ! C’est définitivement la nuit la moins chère que nous passerons dans tout le voyage. Bon, pour ce prix-là, ce n’est pas le Ritz avec sa porte branlante, et son grillage qui fait office de mur. On a presque l’impression de dormir dehors mais ça nous amuse.

Enfin, ça nous amuse au début puis on va se laver les dents à l’extérieur en compagnie des dizaines de cigales grosses comme mon poing qui virevoltent à la lumière hésitante de l’auberge. Je vous promets que quand l’une d’elles vient s’agripper à votre t-shirt, ce n’est pas la bouche pleine de dentifrice qui vous empêche de crier et de sursauter ! Alors imaginez la douche (sous la douche, ce n’est vraiment pas l’eau froide qui vous dérange le plus)…

La jungle de Taman Negara (25/03/2014)

Le village de Kuala Tahan est situé au bord de du fleuve qui le sépare de la jungle. Sur les rives du village, de nombreux restaurants flottent sur des plateformes bricolées au gré des crues du fleuve. L’activité phare du parc national, c’est le trek de 2 ou 3 jours dans la jungle avec la nuit dans la jungle. Nous nous renseignons sur les possibilités mais la perspective de dormir dans un observatoire au milieu de la jungle au milieu des rats et des insectes (selon les dires des autres voyageurs) sans qu’il n’y ait rien à voir nous refroidit un peu. Autre activité phare : visite d’un village Orang Asli, les seuls hommes aborigènes qui vivent encore dans la jungle. Nous nous disons que ça risque de tourner à la visite d’un zoo et le prix est plutôt élevé, donc nous faisons une croix dessus également.

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Le premier jour, nous nous contentons de traverser le cours d’eau et de nous aventurer dans la jungle par nous-mêmes. Il est important d’enfiler nos chaussures de rando et de mettre un pantalon car la forêt regorge de sangsues qui n’attendent que les jambes des touristes pour se restaurer. Le chemin est balisé et plutôt facile d’accès.

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Tous les 4, nous cheminons à travers la densité de la jungle tropicale jusqu’à la « canopy walkway ». Ce circuit dans les arbres est le plus long pont suspendu du monde. Il permet de traverser la forêt au niveau de la canopée à plus de 80 mètres de haut, tout simplement impressionnant ! Partout, nous cherchons les rhinocéros, les tigres ou les éléphants qui peuplent la jungle mais nous nous contenterons des colonies de singes, moins peureux et plus joueurs que leurs colocataires. Nous ne verrons rien donc, mais nous entendrons beaucoup ! L’ambiance sonore est incroyable, digne d’un CD de relaxation ambiance « Amazonie luxuriante ». Des cris d’oiseaux multicolores répondent aux lézards, les arbres craquent et les feuilles crissent sous nos pas peu assurés dans cette jungle sauvage…

Après la « canopy walkway », commence la vraie randonnée et ça grimpe sévère ! Mais les points de vue sur les hectares boisés à perte de vue valent l’énergie dépensée pour les atteindre. Avec 80% d’humidité et une chaleur étouffante, nous suons à grosse goutte dans les montées a-pic et on se réjouit de ne pas s’être aventuré sur un trek de 3 jours dans ces conditions.

La fin de journée se fait au rythme des habitants du coin. Les enfants sautent dans le cours d’eau, leurs grands frères jouent au volley ball sur un terrain de beach improvisé et les adultes tentent de traverser le torrent sur des radeaux de fortune sans mouiller leurs tenues. A la guesthouse, le propriétaire nous invite à l’apéro. Nous avions déjà dit que l’alcool était cher en Malaisie, alors ici, ils trinquent directement au whisky qui est moins cher que la bière… Et comme les trois filles avec qui je suis n’en boivent pas, je me dois de faire honneur à l’invitation pour tout le monde ;-) C’est l’occasion de discuter avec les locaux, de leur vie ici au rythme de la forêt, de leurs habitudes, de la politique, de partager nos points de vue sur le monde, etc. Ils sont tellement accueillants, leur vie semble si simple, on se sent juste bien.

Des français s’invitent à notre petite assemblée. Ils sont sur la fin de leur  tour du monde et ils ont les boules de rentrer. Pour le moment, nous essayons de ne pas penser que la fin de notre voyage s’avance inexorablement… On se concentre sur l’instant présent !

Glander à Taman Negara (26/03/2014)

Le lendemain, nous décidons de ne rien faire. On se pose dans les hamacs, on bouquine, on discute tous les 4.  Asri, notre copain malaisien qui vit ici depuis toujours, sort sa guitare et nous apprend des chansons malaisiennes que nous reprenons, ravis, en cœur. On comprendra par la suite qu’il nous a appris une chanson pour bébés du genre « savez-vous planter les choux ? » mais qu’importe, on a passé une super journée !

Le soir, nos deux amies françaises nous disent au revoir pour prendre le train de nuit vers Singapour. De nouveau tous les deux, nous choisissons de partir le lendemain en bus pour Kuala Lumpur. Notre trajet est le suivant : Kuala Tahan > Jerantut (1h30 / 7 RM) > Kuala Lumpur (3h / 18RM).

A KL, nous avons hâte de rejoindre Muz, un copain de l’école. Il va nous héberger durant notre séjour dans la capitale. Ce confort tant attendu va nous changer de la chambre spartiate que nous partagions à Taman Negara, et va même dépasser nos espérances, mais vous verrez cela dans le prochain article !

 

Notre avis sur Taman Negara

Il parait que Taman Negara est un incontournable de la Malaisie. Marcher dans cette jungle sans âge procure la sensation d’être bien peu de choses, tout jeunes et tout petit que nous sommes. On veut se la jouer Indiana Jones mais on se rend vite compte que les chemins praticables sont balisés (impossible de s’en échapper sans se perdre, la forêt est vierge en dehors des sentiers battus) et donc on est bien loin de l’aventure promise. Même en partant trekker plusieurs jours, ceux qui en reviennent nous ont confessés n’avoir rien vu (mais l’expérience en reste intéressante de vire dans la jungle pendant quelques jours). Les brochures affichent au premier plan des tigres et animaux sauvages qui font rêver mais même nos amis malaisiens, guides dans la jungle, n’en ont quasiment jamais vus. Oui des animaux sauvages vivent dans la forêt, mais non ils ne sont pas dans cette vallée. Encore une fois, on a l’impression que les gars du marketing au gouvernement malaisien ont bien bossés et vendent des trucs qui ne reflètent pas vraiment la réalité… Mais pour nous, peu importe, on a fait de belles rencontres, on s’est bien marrés et on en garde un super bon souvenir, c’est bien ça le principal !

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